Plus de 11 % des ménages de Montréal-Nord sont aux prises avec des moisissures visibles dans leur domicile, faisant de l’arrondissement l’un des pires de la métropole en la matière, dévoile le Directeur de la santé publique de Montréal (DSP), dans un rapport sur les logements salubres et abordables, rendu public lundi.
«C’est dans les arrondissements de Montréal-Nord, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Saint-Léonard qu’on trouve la plus forte proportion de ménages signalant la présence de moisissures visibles», peut-on lire dans le rapport publié sur le site web du DSP de Montréal.
Sur une carte intégrée au rapport, on constate que Montréal-Nord fait partie des endroits où la proportion de ménages rapportant des moisissures visibles se situe entre 11,1 % et 15 %, alors que la moyenne de l’île de Montréal est de 8,6 %. Il a été impossible d’obtenir la proportion exacte de ménages touchés dans l’arrondissement.
Locataires trois fois plus touchés
Les données révèlent également que «les ménages locataires rapportent trois plus fréquemment que les ménages propriétaires la présence de signes visibles d’humidité excessive», et ce pour l’ensemble de la métropole, peu importe le revenu familial.
«Les ménages locataires consacrant plus de 30 % de leur revenu au logement sont plus nombreux à vivre dans des logements présentant des problèmes liés à l’infiltration d’eau et aux moisissures», indique également le document d’une centaine de pages.
Rappelons qu’à Montréal-Nord, toujours selon ce rapport, 39 % des ménages avec enfants consacrent plus de 30 % de leurs revenus pour se loger.
Hormis les problèmes de moisissures, le rapport indique qu’on retrouve des punaises de lit dans 2,1 % à 4 % des ménages nord-montréalais.
Pour ce qui est des coquerelles, c’est un problème qui touche entre 2,1 % à 5 % des ménages de l’arrondissement.
Vieillissement prématuré et entretien
Selon, Hugues Chantal, directeur de l’aménagement urbain pour l’arrondissement, deux facteurs principaux entrent en ligne de compte pour expliquer ces données.
D’abord, le vieillissement prématuré de certains bâtiments, construits peut-être un peu trop rapidement.
«Dans le nord-est de l’arrondissement, il y a eu un blitz de construction dans les années 60. Certains ont peut-être été faits à la va-vite et souffrent donc de vieillissement prématuré avec le temps», estime-t-il.
«Il ne faut pas non plus négliger l’entretien du bâtiment. Si le bâtiment est moins bien entretenu et qu’en plus, l’immeuble a été bâti rapidement, il arrive ce genre de phénomène.»
M. Chantal ajoute que toutes les plaintes reçues sont prises au sérieux et que dans les 24 à 48 heures suivant une inspection, le propriétaire est saisi du problème.
D’ailleurs, depuis le début de l’année, une inspectrice de l’arrondissement est dédiée uniquement aux questions de salubrité.
Comité logement pas surpris
Marie-Ève Lemire, coordonnatrice du Comité logement de Montréal-Nord (CLMN), se dit aucunement surprise des données contenues dans le rapport.
«Quand on nous contacte pour des questions de salubrité, c’est systématiquement pour des problèmes de moisissures ou de punaises de lit.»
Une bonne partie des gens qui contactent le CLMN le font aussi pour signaler le manque de logements sociaux dans l’arrondissement.
«S’il y avait plus de logements sociaux, il y a aurait peut-être moins de problèmes de moisissures», ajoute Mme Lemire.
Le rapport, qui fait l’état de la situation pour l’ensemble de l’île de Montréal, est basé sur les enquêtes de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, sur l’enquête SALAM, menée auprès de 1600 ménages de l’Île de Montréal et sur les données du recensement.