À la barre de la ferme D-Trois-Pierres depuis 1992, André Trudel partira à la retraite cette année. Il assure la transition alors qu’André Gariépy prend la direction avec une nouvelle équipe agricole. L’entreprise d’insertion sociale demeurera un tremplin pour les jeunes en difficulté tout en produisant des légumes.
Par la vision d’André Trudel, la ferme située à Pierrefonds-Roxboro s’est tournée vers l’insertion dans les années 1990. D-Trois-Pierres avait été fondé par Sœur Rachel Jetté, des Sœurs de Sainte-Croix, en 1985.
«Le social est la raison d’être. La Ville de Montréal ne donnerait pas ce privilège d’utiliser ses terres sans cette mission de former des personnes éloignées au marché du travail et avec des problématiques d’insertion, liées à la toxicomanie ou la santé mentale par exemple», explique M. Trudel.
Il estime que près des trois quarts des jeunes terminent leur saison à la ferme, ce qui leur permet ensuite d’assumer un emploi, y compris dans un autre domaine.
«Le jeune est toujours au cœur de nos préoccupations. Avant de le congédier, nous nous demandons toujours si l’organisme a tout fait pour l’aider», ajoute le directeur général.
Cultiver l’espoir
L’aspect social se retrouve aussi dans la redistribution. Il y a quelques années encore, la production était écoulée dans son magasin général et par des paniers, selon le système de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC). D-Trois-Pierres est derrière le projet Cultiver l’Espoir du Regroupement Partage, lancé en 2015.
Plus de la moitié des récoltes sont allées aux banques alimentaires comme Jeunesse au Soleil, Moisson Montréal et Mission Bon Accueil pour permettre aux démunis de manger des légumes frais et locaux. L’autre partie est revendue dans les épiceries Metro et Super C pour permettre l’autofinancement du projet.
L’an dernier, sur les 6,5 hectares de culture, quelque 125 tonnes de légumes ont été récoltées.
Agriculture urbaine
Au-delà des surfaces cultivées pour le Regroupement Partage, la ferme du chemin du Cap-Saint-Jacques a pris un virage pour augmenter la production d’ail. «Nous souhaitons devenir un des cinq plus gros producteurs d’ail du Québec, en ajoutant un hectare chaque année», confie M. Trudel.
Ce travail sera coordonné par l’actuel directeur adjoint, André Gariépy. Après six ans au développement des affaires de la Corbeille Bordeaux-Cartierville et douze à la tête d’un traiteur à L’Île-des-Sœurs, il a été engagé cet automne par D-Trois-Pierres.
«Nous allons stabiliser ce que nous avons, puis poursuivre nos objectifs sur trois ans», souligne celui qui indique avoir doublé le chiffre d’affaires de la Corbeille.
Les sols sont en préparation et une dizaine d’hectares supplémentaire devrait être disponible. Présentement, environ quatre sont cultivés pour le magasin général, situé au parc-nature du Cap-Saint-Jacques, et différents clients. La ferme dispose aussi de terres au parc-agricole du Bois-de-la-Roche, cultivées de manière mécanisée.
Au Cap Saint-Jacques, les légumes sont plutôt produits selon les principes de l’agriculture biologique intensive, qui vise à tirer le maximum de rendements sur de petites surfaces avec peu de machinerie.
La ferme sera notamment gérée par Alexandre Godley, qui compte 10 ans d’expérience en agriculture biologique. Il a notamment travaillé aux Jardins Carya et à la Ferme du Zéphyr, toutes deux à Senneville. Avec l’aide d’un deuxième coordonnateur, l’équipe d’une demi-douzaine d’employés et les jeunes en formation assureront la production maraîchère pour Cultiver l’espoir, la vente sur place et différents clients, comme le IGA Duchemin à Saint-Laurent ainsi que des organismes.
Pour soutenir le projet Cultiver l’espoir: adoptezunplantdecarottes.com