Le Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île a reçu un don de 50 000 $ d’un donateur qui souhaite rester anonyme. Cet argent permettra à l’organisme de lutter contre la pauvreté des femmes et des enfants victimes de violence conjugale.
«J’ai été grandement surprise par ce don», affirme la directrice générale du Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île, Guylaine Simard. «Quand on a un donateur qui fait ses recherches et qui nous choisit pour nous donner sa confiance, c’est un énorme privilège», ajoute la directrice.
C’est un beau cadeau pour les femmes de pouvoir bénéficier d’autant de ressources.
Guylaine Simard, directrice générale du Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île
Fondé en 1979, l’organisme basé à Kirkland offre de l’accompagnement et de l’hébergement sécurisé à travers 12 municipalités de l’Ouest-de-l’Île. Ces ressources sont destinées aux femmes battues, violées ou agressées physiquement et psychologiquement, ainsi qu’à leurs enfants, qui quittent le domicile familial.
Chaque année, le refuge vient en aide à 200 femmes en moyenne et reçoit entre 10 000 et 14 000 appels sur la ligne téléphonique de crise.
Un don pour soutenir l’autonomie des femmes
Le donateur qui a offert la somme de 50 000 $ au Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île souhaite rester anonyme. Guylaine Simard précise simplement qu’il s’agit d’un homme, qui réside à Montréal, et qu’elle ne connaissait pas avant qu’il ne manifeste sa volonté de faire ce don. «Il s’est informé sur les différents organismes de violence conjugale, et a communiqué avec moi via notre site internet. Il avait la volonté de s’impliquer pour les femmes et de faire la différence. Je l’ai rencontré pour décider ensemble de l’affectation de son don», explique la directrice.
Financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux, le Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île utilisera ce don de 50 000 $ pour mettre sur pied un projet en deux volets afin de permettre l’autonomie de la femme.
Le volet éducation a pour objectif de soutenir financièrement un projet d’études avorté par des femmes ou leurs enfants. «Certaines femmes qui quittent leur conjoint sont dans l’impasse et manquent d’argent pour poursuivre leurs études. Alors, la plupart abandonnent», explique Guylaine Simard. «D’autres ont théoriquement des ressources financières, mais n’ont pas accès à leur argent, notamment les conjoints de fait. Ce don permettra de prendre en charge leurs frais de scolarité pour lutter contre l’abandon de leurs projets et permettre leur indépendance», ajoute la directrice.
Le second volet permettra de soutenir la réinsertion des femmes, non admissibles aux programmes d’Emploi-Québec, sur le marché du travail. «Parfois, le conjoint harcèle aussi au travail, et ça fragilise le sentiment de sécurité de la femme dans un contexte professionnel. Sans compter les limitations et traumatismes physiques ou psychologiques qui freinent à réapprivoiser le marché du travail», explique Guylaine Simard.
Le Refuge pourra notamment offrir un stage en emploi rémunéré pouvant aller jusqu’à 500 heures par personne.
COVID-19 et confinements
L’aide financière apportée par ce don est d’autant plus la bienvenue que les signalements de violence conjugale et les besoins d’accompagnement ont explosé depuis la pandémie.
«On a vécu deux grosses années», concède Guylaine Simard. «Entre les suspensions d’emploi et le télétravail, les femmes se sont retrouvées beaucoup plus à la maison, et ça a offert sur un plateau d’argent au conjoint violent des opportunités de contrôler les microrégulations du quotidien», explique la directrice, qui évoque aussi le risque de féminicide.
«Mais la COVID a aussi amené les femmes à s’interroger sur la normalité de la situation. Elles avaient plus de temps pour se questionner et réfléchir sur les solutions possibles», note aussi la directrice.
Grâce au Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île, les femmes qui quittent leur conjoint violent peuvent être hébergées avec leurs enfants dans une maison d’aide et d’hébergement, puis intégrer l’un des 14 appartements sécurisés répartis dans l’Ouest-de-l’Île, pour une durée de 3 à 21 mois. Des intervenants sont disponibles 24h/24 et 7 jours/7 pour écouter et accueillir les bénéficiaires qui peuvent aussi avoir accès aux services juridiques pour mieux comprendre les enjeux du système judiciaire et le droit familial.