Le comité de démolition de la municipalité de Kirkland était réuni, le jeudi 20 octobre en soirée, pour prendre une décision relative à une demande de démolition de l’ancienne maison-atelier du réputé sculpteur et peintre Charles Daudelin, décédé en 2001.
«Au terme de la rencontre d’hier soir, le Comité de démolition a décidé de prendre le dossier en délibéré. La décision viendra donc à une date ultérieure», mentionne la directrice des communications et relations publiques de Kirkland, Lise Labrosse.
«Dans sa décision, le Comité tiendra compte des éléments soumis par le demandeur de même que des objections qui ont été présentées à la suite d’un avis public et par les personnes présentes lors de la rencontre. La Ville de Kirkland ne fera aucun commentaire sur le dossier tant que le processus suivra son cours», a ajouté Mme Labrosse.
Un processus rigoureux
La famille Daudelin s’est départie de la demeure familiale sise au 17 166, chemin Sainte-Marie en 2020, après en être devenue propriétaire en succession de leur mère.
Les nouveaux propriétaires ont sollicité une autorisation de démolition et, conformément au règlement régissant la démolition des immeubles de la Ville de Kirkland, des études professionnelles sur l’état du bâtiment et sur sa valeur patrimoniale ont été exigées.
«L’autorisation fait l’objet d’un processus rigoureux et dans le cadre de celui-ci, les membres du comité de démolition se sont réunis hier soir [le 20 octobre] afin de présenter les différents éléments du dossier et prendre connaissance des oppositions qui ont été formulées», poursuit la directrice.
Une maison unique
La propriété, qui était en vente en 2019 au coût de 2 688 000 $, a été construite en 1951 par la firme d’architectes Rother, Bland, Trudeau, et selon les demandes audacieuses de l’artiste Charles Daudelin. C’est même Charles Elliott Trudeau, frère de Pierre Elliott, qui s’est occupé de la conception de la propriété.
La maison-atelier offre un décor impressionnant avec des angles atypiques. On y retrouve un total de trois chambres à coucher, une salle de bain, une salle d’eau, un grand salon lumineux, une cuisine unique située au centre de la maison, une cave à vin, une piscine, un atelier d’artiste et plus encore.
Malgré tout, la maison n’est pas protégée contre une éventuelle démolition. Selon la Loi sur le patrimoine culturel, révisée par la ministre de la Culture et des Communications du Québec (MCC), il n’y a pas de mesure de protection pour les bâtiments construits après 1940. Tout repose donc entre les mains du comité d’urbanisme de Kirkland composé de sept résidents et de deux élus municipaux.
Une situation à suivre
Une situation à suivre! Né en 1920 à Granby, Charles Daudelin est un des artistes québécois les plus acclamés du 20e siècle. D’abord élève de Paul-Émile Borduas, à l’École du meuble de Montréal, Daudelin part poursuivre ses études à Paris.
À son retour à Montréal en 1948, année de parution de Refus global, le prix des logements et leur rareté l’incitent à se tourner vers la région de Pointe-Claire. Sa maison, il la fait ériger au milieu d’un champ qu’il transforme en forêt avec l’aide de son frère Georges, attaché au Jardin botanique de Montréal et considéré comme le premier architecte paysagiste du Québec.
La firme d’architectes Rother, Bland, Trudeau est mandatée par Charles Daudelin pour élaborer les plans de cette demeure d’exception. La conception en sera confiée à Charles Elliott Trudeau, frère de Pierre Elliott, futur premier ministre. Les archives de cette firme importante sont déposées au Centre canadien d’architecture.