Les objectifs de récupération fixés pour Montréal en termes de gestion des matières résiduelles sont irréalistes selon Réal Ménard, responsable de l’environnement et du développement durable au comité exécutif de la Ville-centre.
Papier, carton, verre : l’objectif de récupération des matières recyclables est de 70 %. Or, l’agglomération de Montréal affiche un taux de 58 %.
Des 33 territoires de l’île de Montréal comptabilisés dans le bilan 2013, seuls deux, les villes de Senneville et de Pointe-Claire ont atteint le seuil de 70 %. Huit autres sont près du seuil, affichant un taux de 65 % ou plus.
Toutefois, une quinzaine de communautés n’atteignent même pas 60 %. En queue de classement, on retrouve les arrondissements de Montréal-Nord, Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension et Saint-Léonard.
« Il reste beaucoup de chemin à parcourir, car les Montréalais n’ont pas les outils à leur portée pour recycler partout. Il devrait y avoir des poubelles de tri sélectif dans tous les espaces publics, notamment les parcs, les hôpitaux ou sur les grands axes », soutient Marie-Ève Chaume, responsable de dossiers Espaces verts et matières résiduelles au Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal.
Matière organiques
Le portrait est encore plus désolant lorsque l’on regarde le taux de récupération des matières organiques. Seule la ville de Senneville, qui a un taux de 71 %, atteint la cible fixée à 60 %.
Suivent ensuite au palmarès, Pointe-Claire et Ville Mont-Royal, qui affichent des scores respectifs de 53 % et 43 %.
Dix-neuf territoires n’atteignent même pas 20 %. En queue de peloton, les arrondissements de Ville-Marie et de Mercier – Hochelaga-Maisonneuve récupèrent à peine 2 % des matières organiques.
À la vue de ces chiffres dévoilés dans le bilan 2013 des matières résiduelles, la ville de Montréal ne semble pas en mesure d’atteindre les objectifs dans les délais prévus par Québec.
« Ces objectifs sont clairement irréalistes, indique Réal Ménard, responsable du développement durable au comité exécutif. La Communauté métropolitaine de Montréal est en train de revoir tout son plan. On s’attend d’ailleurs à ce que Québec nous donne un délai supplémentaire jusqu’en 2020 ou 2024. Certes, nous avons tardé à identifier les sites pour implanter des infrastructures, mais il est impensable que l’on réalise les objectifs fixés. »
Le CRE estime toutefois que des efforts pourraient être faits.
« Il faut qu’il y ait davantage de collectes. On prévoit des infrastructures pour les déchets organiques et c’est une bonne chose, mais en attendant, on pourrait faire mieux », soutient Mme Chaume.
Elle ajoute que la Ville de Montréal a un contrat avec celle de Berthierville pour le traitement de 10 000 tonnes de matières organiques par an. Or, on n’en traite qu’environ 5000.
Selon elle, la Ville pourrait traiter plus de déchets organiques, mais encore faut-il que la matière soit récoltée, ce qui relève d’une volonté politique.
« Cette année, ce sont 100 000 portes montréalaises qui vont être desservies par une collecte de résidus alimentaires. On compte quatre nouveaux arrondissements. Les choses progressent quand même chaque année », justifie M. Ménard.
À la Ville de Montréal, le traitement des matières résiduelles récupérées est la responsabilité de la Ville-centre, mais la collecte des rebuts est du ressort des arrondissements. Les résultats peuvent donc grandement varier d’un secteur à l’autre.
« Il faut continuer d’avancer et mettre les bouchées doubles si l’on veut atteindre les objectifs qui sont fixés et pouvoir ne plus enfouir les déchets. C’est sûr que ce sera plus facile quand il y aura un projet global à l’échelle de la Ville », remarque Mme Chaume.
En collaboration avec Frédérique Charest
Objectifs nationaux
La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles établit des objectifs nationaux de récupération.
Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques précise que la Loi sur la qualité de l’environnement prévoit que les municipalités doivent favoriser la mise en œuvre de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles dans le cadre de leurs interventions.
Toutefois, la politique n’est pas contraignante. Les municipalités n’ont pas d’obligation de résultat en lien avec les objectifs intermédiaires du Plan d’action 2011-2015. Un choix qui, selon le ministère, permet de reconnaître les particularités des différentes régions et une plus grande flexibilité qui favoriserait l’atteinte des objectifs provinciaux.