Ouest-de-l’Île

Une réforme «inconcevable» selon le CJE de l’Ouest-de-l’Île

La réforme des Carrefours jeunesse emploi (CJE) proposée par le gouvernement Couillard qui entrerait en vigueur en avril aurait des conséquences frappantes dans l’Ouest-de-l’Île où 91% des jeunes n’auraient plus accès aux services.

Sur les 725 jeunes que le CJE de l’Ouest-de-l’Île épaule annuellement, près de 660 d’entre eux n’auraient plus accès aux services. Un si haut taux de la clientèle serait touché car dans cette restructuration le gouvernement demande aux CJE d’offrir leurs services en priorité aux jeunes prestataires de l’aide financière et aux jeunes admissibles à l’assurance-emploi.

«Dans l’Ouest-de-l’Île, 91% de notre clientèle ne reçoit aucun soutien de revenu du gouvernement, donc tous ces jeunes ne pourront plus fréquenter notre organisme. C’est majeur comme impact, clame la directrice adjointe du CJE de l’Ouest-de-l’Île, Nathalie Viel. Il est inconcevable de laisser tomber autant de jeunes du jour au lendemain.»

Témoignage d’un jeune
Frédérick Fortin fait partie de ces jeunes qui, à un moment où il en avait bien besoin, a pu bénéficier d’une démarche d’orientation au CJE. Cette aide l’a amené à faire un retour aux études. Pour lui, cet organisme représente une ressource précieuse et il est contre la restructuration proposée par le gouvernement.

«Depuis septembre, je suis des cours dans le cadre d’un diplôme d’études professionnelles en plomberie et jour après jour, je suis heureux d’aller à l’école, partage-t-il. Grâce au support du CJE, j’ai pu faire les bons choix. Je ne comprends pas le virage que veut prendre le gouvernement, ça me semble sans fondement.»

Avec la refonte proposée, s’il se retrouvait dans la même situation qu’il y a deux ans, il n’aurait pas accès à un soutien puisqu’il n’est pas prestataire de l’aide sociale ni de l’assurance-chômage.

Parmi sa clientèle, le CJE de l’Ouest-de-l’Île compte des jeunes âgés de 16 à 35 ans, dont des travailleurs, des décrocheurs et des immigrants. Selon Nathalie Viel, la fin de l’accès universel fera en sorte qu’un bon nombre de jeunes se retrouveront dans une situation précaire. «S’ils n’ont plus accès à de l’aide pour la recherche d’emploi, ils vont faire quoi? Certains seront tentés de faire une demande pour recevoir de l’aide sociale, mais plusieurs n’y ont même pas accès comme les immigrants et les jeunes dont les deux parents travaillent», souligne Mme Viel.

Refonte en marche
Malgré la grande réserve des responsables, le CJE a dû emboîter le pas menant à une nouvelle entente de service. La restructuration est déjà en marche. À preuve, le CJE a dû transmettre par écrit à Emploi-Québec un engagement de principe afin d’amorcer des pourparlers. Sans cet engagement, Emploi-Québec aurait fait appel à des ressources externes.

«Notre ligne d’action est de travailler avec Emploi-Québec à déposer une offre de service qui va répondre aux besoins de la clientèle, mais on met aussi les députés à contribution dans cette démarche, car c’est beaucoup de jeunes qui ne seront plus desservis», explique Mme Viel.

Dans cette optique et de concert avec 30 Carrefours jeunesse emploi du Québec, le CJE de l’Ouest-de-l’Île a fait parvenir une demande d’un moratoire de 15 mois au premier ministre Philippe Couillard. Avec ce délai, les CJE veulent éviter que des décisions précipitées aient un impact sérieux sur des milliers de jeunes qui formeront la main-d’œuvre de demain.

Lettres d’appuis
Dans la foulée d’une mobilisation contre cette restructuration, une centaine de lettres d’appui de partenaires locaux, dont le cégep John-Abbott, ont aussi été envoyées au ministre de l’Emploi. Ceux-ci demandent au ministre François Blais de préserver l’accès universel aux services offerts par le CJE.

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