Outremont

Art Extension, un nouveau visage pour les coupoles

L’artiste Annie Hamel, en train de peindre une parabole sur son balcon.

L’arrondissement de Parc-Extension se dote d’une nouvelle parure avec la création de peintures sur des paraboles abandonnées. Au détour d’une marche, on peut admirer ces 36 œuvres, produites par les artistes du nouveau collectif Art Extension. En septembre, un lancement, des visites guidées et une application permettront de faciliter la découverte des peintures.

Il y a quelques mois, le créateur d’Art Extension, Jonathan Cohen, se baladait avec sa fille de trois ans dans les rues de leur arrondissement de résidence, Parc-Extension. Les deux marcheurs ont alors remarqué le nombre exorbitant d’antennes paraboliques qui tapissaient les murs des immeubles. L’idée de faire un projet artistique avec ces coupoles a émergé dans l’esprit du musicien, qui n’a, par ailleurs, aucune formation en art visuel.

« La majorité des antennes sont mortes. Elles étaient beaucoup utilisées avant, parce qu’il y a une population très transitoire ici […]. Beaucoup d’immigrants venaient et voulaient avoir les canaux de leur pays, c’est pourquoi ils ont des antennes. », explique Jonathan Cohen, au dédale d’une rue, alors qu’il faisait visiter à Métro les œuvres paraboliques dispersées dans le quartier. Avec l’essor d’Internet, les paraboles sont devenues obsolètes et ont pour beaucoup été abandonnées sur les murs des maisons.

En compagnie de sa partenaire, Lisa Baum, Jonathan Cohen est allé rendre visite aux habitants du quartier, pour leur demander de prendre leur antenne afin d’en faire une œuvre. Après avoir reçu une subvention du Conseil des arts de Montréal, le collectif est parti en quête d’artistes. Grâce à des connaissances et aux réseaux sociaux, ils ont obtenu la participation de plusieurs artistes du quartier et des environs. Ces derniers, qui ont tous été rémunérés, avaient quasi carte blanche pour créer une œuvre originale. Parfois, quelques demandes des habitants pouvaient influencer le thème des peintures, comme cette locataire qui désirait un mati, un symbole d’origine grecque utilisé pour chasser le mauvais œil.

Le mati de l’artiste Linda Luttinger. – Métro Media – Lila Maitre

Les coupoles peintes se trouvent dans plusieurs rues et ruelles, on en voit sur la rue Stuart ou l’avenue de l’Épée. Telle une chasse au trésor, Art Extension invite les visiteurs à partir à la poursuite des paraboles, tout en profitant de la beauté des jardins de leur quartier.

Communauté et diversité

Le projet s’inscrit dans une volonté de rendre hommage à la communauté de Parc-Extension. On retrouve dans les peintures plusieurs installations représentatives de l’arrondissement, comme la fontaine du parc Jarry ou l’ancienne gare Jean-Talon.

Mais ce qui marque quand on découvre les œuvres, c’est la forte représentativité de la diversité des habitants du quartier. Beaucoup de peintures, par exemple, reprennent des symboles grecs, une communauté très présente dans l’arrondissement.

Annie Hamel est l’une des artistes participantes. Pour le projet, elle a produit deux coupoles, les deux s’inspirant de symboles issus de divers pays. La première peinture montrait un amas de tissus traditionnels, qui ensemble formaient ce qu’on pourrait voir comme une rose. La seconde se penchait sur la culture marocaine avec la représentation d’une main de Fatima.

« [Ce n’est pas seulement] un symbole religieux, on le retrouve dans beaucoup de cultures et il est très rassembleur […]. L’autre coupole, c’était vraiment plus la diversité des motifs. », précise l’artiste, installée sur son balcon, au moment où elle peignait la seconde antenne qui avait été détachée du mur pour l’occasion.

Depuis quelques semaines, la totalité des coupoles peintes, pour un total de 36, a été installée. En septembre, le collectif Art Extension prévoit un événement festif pour le lancement officiel du projet. Une application interactive et des visites organisées seront aussi mises en place.

En attendant, il est maintenant possible de se rendre entre les métros Acadie et Parc, et partir à la conquête de ces œuvres publiques inédites.

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