Des jeunes originaires du Brésil, de l’Iran, de la Russie, du Viêt-Nam, se réunissent tous les mercredis dans la classe d’art dramatique de l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont pour tourner le film Bagages qui raconte les hauts et les bas de leur immigration.
Entre ces quatre murs, les jeunes laissent leur timidité de côté et suivent sans hésiter les directives de l’initiatrice du projet, leur enseignante d’art dramatique Mélissa Lefebvre.
«J’enseignais aux classes d’accueil depuis déjà deux ans, et je me suis rendue compte que les élèves avaient beaucoup à raconter, explique-t-elle. Après un certain temps, ça bouillait en dedans de moi, je devais trouver une plateforme pour qu’ils puissent s’exprimer.»
Dans la modeste salle, équipée de vieux sofas, de livres et d’une petite scène, les élèves se plongent dans leur passé, racontent comment était l’école dans leur pays, se revoient quitter leurs proches et revivre leurs premiers instants passés en sol québécois.
Bien que les 25 participants suivent les indications de leur professeure, tout ce qui se trouve dans le film vient d’eux. «Je veux qu’ils aient le plus de liberté possible, explique Mélissa Lefebvre. Pour que le film aide réellement les spectateurs à comprendre tout ce qu’ils ont traversé et traversent encore.»
De grandes ambitions
L’école a reçu cette année différentes subventions pour réaliser le long-métrage après qu’une présentation de la pièce de théâtre du même nom au Théâtre Outremont en 2015 ait suscité l’intérêt.
«Je ne sais pas s’ils sont tannés de me parler de leurs histoires, mais ce qui est certain c’est qu’ils reviennent, semaine après semaine, après l’école, et qu’ils sont d’une générosité surprenante», lance l’enseignante.
Le réalisateur de Bagages, Paul Tom, s’installera bientôt à PGLO pour suivre les jeunes des classes d’accueil dans leurs activités. Le film qui comprendra des entrevues individuelles, des extraits des élèves dans leur quotidien et dans leurs activités à la maison et à l’école, sera présenté au mois de juin.
«Leurs histoires sont tellement fascinantes, que l’on pourrait en faire une série documentaire.» -Mélissa Lefebvre, professeure d’art dramatique à PGLO.
En faisant connaître la réalité des immigrants, ce film deviendra un outil pédagogique pour les écoles du Québec.
Mais sa créatrice souhaite secrètement que le film ait une portée encore plus grande en se rendant en salle.