Il y deux ans, Juliette, 15 ans, s’enlevait la vie. Sa mère, la Monteroise Annie Carpentier, ignorait que sa fille souffrait alors d’une dépression profonde. Aujourd’hui, elle souhaite que tous les parents et adolescents reconnaissent les signes précurseurs de cette maladie.
«Nous devons en parler, lance-t-elle. Il faut que les jeunes développent le réflexe de demander de l’aide, et non d’essayer de régler ça entre adolescents.»
Selon la Fondation des maladies mentales, seuls 30% des jeunes souffrant de dépression sont diagnostiqués. Pourtant, entre 80 et 90% des jeunes qui s’enlèvent la vie souffrent d’une maladie mentale, le plus souvent de dépression.
La mère de trois filles raconte qu’elle n’aurait pu se douter que son aînée, Juliette, une adolescente qui agissait normalement à l’école, avec ses amis, sa famille, commettrait cet acte irréversible.
«Je connais la dépression, il y en a eu dans ma famille, mais chez les adolescents ce ne sont pas les mêmes symptômes», explique Annie Carpentier.
«Avec un adolescent, on peut facilement avoir l’impression que tout va bien puisque les humeurs sont plus changeantes que chez l’adulte en dépression, qui est toujours triste, souligne le Dr Frédéric Benoît, spécialisé en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. L’impulsivité de l’adolescent et sa tolérance plus limitée à la détresse peuvent aussi l’inciter à passer à l’acte plus rapidement et plus fréquemment que l’adulte.»
C’est donc aux signes comme l’isolement, l’irritabilité, la réactivité, l’apparition de troubles de comportement, un changement de poids soudain, de nombreuses heures de sommeil, qu’il faut porter attention.
«Nous avons réalisé que Juliette présentait quelques signes, mais seulement après coup», se désole Annie Carpentier, dont le deuil est encore douloureux.
C’est entre autres pour faire connaître ces signes que la Monteroise a décidé de poser un geste concret. Accompagnée de sa meilleure amie Nathalie Després, elle franchira 160 km de la Traversée de la Gaspésie en ski de fond du 20 au 27 février, un rêve qu’elle caressait depuis longtemps. Le but, amasser 50 000$ pour le programme «Solidaires pour la vie» qui sensibilise aux signes et symptômes de la dépression chez les jeunes.
Mis sur pied il y a près de 20 ans, il se base sur la prémisse que la dépression à l’adolescence peut être prévenue par l’éducation et le dépistage précoce. Maintenant, près de 50 000 jeunes et adultes des écoles secondaires des quatre coins du Québec ont droit aux services de ce programme qui permet entre autres aux jeunes de connaître les outils qui existent pour faire face à la dépression.
«C’est une ressource qui fait comprendre aux jeunes que ce doit être soigné puisque la dépression est une vraie maladie», conclut Mme Carpentier.
Pour appuyer Annie dans ses démarches, le public est invité à faire un don au fondationdesmaladiesmentales.org