Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Sanimax: des citoyens toujours exaspérés par les mauvaises odeurs

Alors que des avocats et autres représentants de la Ville de Montréal discutent avec ceux de l’entreprise Sanimax afin de dénouer l’impasse juridique, des résidents de Rivière-des-Prairies affirment que le problème de mauvaises odeurs causées par les activités de l’usine est loin de se résorber.

Selon des résidents de Rivière-des-Prairies, les émanations d’odeurs venant de l’usine de Sanimax seraient parmi les pires en cinq ans. «Nous avons eu trois semaines de mauvaises odeurs constantes cet été», affirme Theo Vecera, militant communautaire bien connu dans le secteur et membre du Mouvement Citoyens de RDP.

Même s’il vit à un kilomètre de l’établissement, M. Vecera affirme pouvoir en sentir les émanations à tout moment lorsqu’il est dans sa cour. À tel point qu’il ne peut y planifier d’événements.

La mairesse de l’arrondissement, Chantal Rouleau, se dit très consciente des problèmes d’odeur en cette période estivale. «Je circule dans le quartier et je les sens très bien», tranche-t-elle.

«Les citoyens ne se plaignent pas pour rien»
Chantal Rouleau

À quand une solution ?
À la suite d’un déversement de carcasses d’animaux en mai dernier, la mairesse avait exigé une rencontre entre les avocats de la Ville et ceux de Sanimax afin de trouver une solution. Mme Rouleau avait d’ailleurs réclamé un «plan d’action concret à court terme» de la part de l’entreprise spécialisée en récupération de sous-produits alimentaires.

Les parties ne divulguent pas la teneur exacte des discussions, mais il n’y a pas encore de plan concret. «Nous ne sommes pas parvenus au plan final parce que nous maintenons que Sanimax doit se conformer aux règles et qu’eux cherchent peut-être une autre solution avec laquelle nous sommes en désaccord. Nous sommes convaincus que la compagnie doit respecter la règlementation et nous l’accompagnons dans cet objectif. Toutes les options sont sur la table», explique la mairesse Rouleau.

Les parties discuteraient des quelque 800 000$ de contraventions municipales contestées par Sanimax, la possibilité pour l’entreprise d’utiliser une bretelle sur la 7e Rue afin d’éviter le boulevard Maurice-Duplessis et la faisabilité de certaines solutions aux odeurs, comme l’ajout de filtres au charbon dans les camions et l’aménagement d’un hangar pressurisé.

«C’est faux de dire que Sanimax s’en fiche»
Éric Caputo, Sanimax

Pour sa part, Sanimax évoque un dossier complexe qui doit se régler à l’avantage de tous. «Il faut s’assurer de respecter les normes de part et d’autre, de faire l’affaire à Sanimax et à la Ville», commente le directeur général pour Montréal de Sanimax, Éric Caputo.

Ce dernier ajoute que le nombre de plaintes reçues par l’entreprise est stable depuis trois ans. Il évoque même une «exagération» de la part des résidents. Parfois, dit-il, l’agent de liaison déployé sur le lieu d’une plainte ne constate pas de mauvaises odeurs. En outre, les odeurs ne doivent pas être si terribles si le propriétaire de l’usine peut venir travailler tous les jours au siège social situé tout près.

Alors que les deux parties discutent, Theo Vecera souhaite faire du cas Sanimax un enjeu électoral et appelle le maire de Montréal à appuyer publiquement sa cause. «Nous ne voterons pas aveuglément pour son équipe. Nous ne nous laisserons pas traiter en citoyens de seconde zone», tempête-t-il.

Sanimax se défend
Sanimax souligne avoir réprimandé le sous-traitant responsable du déversement de mai, un des «quatre ou cinq» à survenir sur 25 000 déplacements annuels.

«Notre stratégie ne change pas, indique M. Caputo. Nous continuons d’investir. Nous désirons avoir des relations harmonieuses avec le voisinage et tous les efforts sont mis en ce sens. C’est faux de dire que Sanimax s’en fiche.»

Elle mentionne aussi des investissements annuels de près de 5 millions de dollars depuis 15 ans dans l’amélioration et l’entretien de ses installations. En plus de la formation continue de son personnel, l’inspection régulière de son équipement et de celui de ses fournisseurs, ainsi que l’embauche d’un fauconnier pour éloigner les goélands.

Situation «insupportable»
Selon des Prairivois qui vivent à proximité de l’usine Sanimax, les odeurs sont particulièrement nauséabondes depuis trois semaines. De nombreux habitants de la zone regrettent le manque de progrès.

«C’est épouvantable, les enfants ne peuvent même pas jouer dehors. Nous sommes prisonniers», déplore Roberto Molinaro, qui dit avoir dû modifier ses plans de la fête nationale à cause des émanations. «Cela aurait dû être réglé depuis longtemps. On se plaint, mais rien ne se passe.»

«On ne peut pas profiter, car l’odeur vient par vagues et on ne sait jamais combien de temps cela va durer», confirme Natalie Macri, une autre résidente du quartier.

Avec la collaboration de Nicolas Ledain

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