L’organisme Prairivois qui vient en aide aux personnes qui éprouvent des problèmes de santé mentale célèbre son vingtième anniversaire. Très fréquenté, l’organisme fait cependant face à des défis importants pour continuer sa mission.
En 20 ans d’existence, l’Art-Rivé s’est fait un nom dans le domaine de la santé mentale en organisant des ateliers ou des évènements qui favorisent l’estime de soi ou la sociabilité, qui permettent aux personnes souffrantes de mieux s’intégrer socialement. À ses débuts, le centre accueillait une quarantaine de personnes, mais la bonne réputation aidant, les choses ont évolué.
« Nous avons environ 115 personnes qui viennent au centre, pour nos activités, nos évènements, nos rencontres, explique l’intervenante Isabel Louis-Seize. Les gens viennent de tout Montréal, même si ces personnes viennent principalement de l’Est. Nous avons quand même une personne qui vient de L’Assomption ou une autre de Pointe-Calumet.»
Ce jour-là, cinq à six membres exposent leurs peintures ou leurs objets artisanaux pour gagner quelques dollars et démontrer leur talent. Julia y présente ses travaux de couture, tandis qu’Alexandre vend ses peintures, une activité qui lui permet « de s’évader tout en prenant du plaisir ».
L’Art-Rivé ne prétend pas prendre la place des établissements de santé mais se présente plutôt comme un complément, en raison notamment des coupes budgétaires qui ont réduit les possibilités des CIUSS en matière d’activité et d’accompagnement. La présence de l’organisme permet ainsi aux malades de trouver une porte ouverte et un soutien constant.
« Certains n’ont pas la chance de trop évoluer, car ils ont aussi des problèmes physiques, parce qu’il y a une dégénérescence ou parce qu’ils ont vieilli, mais chez d’autres, l’avancement est extraordinaire, au point de retourner sur le marché du travail ou aux études », explique Nancy Archambault, la directrice du centre, et présente depuis sa création.
En 20 ans, cette dernière a vu la considération envers les personnes souffrantes de maladies mentales évoluer, mais regrette encore le « tabou » dans la société autour de ce phénomène.
« Le monde en parle plus facilement, notamment les malades, mais il y a encore une méconnaissance et de la sensibilisation reste à faire dans la population », explique-t-elle.
« Les personnes qui ont des problématiques de santé mentale vivent des tabous vis-à-vis de leurs propres troubles et ceux des autres. Ils hiérarchisent leurs problématiques, disant par exemple que la schizophrénie est bien moins pire que la dépression. Il n’y a pourtant aucune hiérarchisation, on ne peut pas classifier, il n’y a que des états », poursuit Isabel Louis-Seize.
Les taxes, un problème
Pour toujours mieux accompagner les personnes qui passent le pas de la porte du centre, les projets ne manquent pas, mais les ressources restent cependant limitées.
Soumis à la taxe sur les immeubles non résidentiels depuis 2003, l’Art-Rivé, comme Le Centre des femmes et le Carrefour Jeunesse Emploi, milite pour sa suppression, qui viendrait soulager une partie de ses finances.
L’organisme paye en effet 9300$ pour cette taxe, sur 180 000$ de budget. En tout, le local représente près de 50 000$ de dépense. Un frein considérable pour la mise en œuvre de projets ambitieux, comme l’encadrement personnalisé des membres en vue d’une meilleure autonomie. Ce projet permettrait notamment « de rencontrer les personnes individuellement pour établir où elles en sont dans leur cheminement et quels objectifs elles se fixent ».
« Pour mener ce projet sur un an, on aurait besoin à peu près de 40 000$, pour des ressources et du matériel », estime Mme Archambault, qui a bon espoir de voir ses charges se réduire pour avancer sur le projet.
Un comité qui regroupe des organismes de différents quartiers a déjà effectué plusieurs réunions avec des élus de la Ville-Centre, et Mme Archambault a rencontré dernièrement la mairesse de RDP-PAT, Caroline Bourgeois pour la sensibiliser à ce problème. La décision de lever cette taxe n’est pas de la compétence de l’arrondissement, mais des avancées seraient cependant attendues pour la fin avril. De quoi donner de l’espoir à un organisme qui ne manque pas d’en diffuser autant qu’il le peut.
Des festivités pour les 20 ans
Les 10 et 11 avril, l’Art-Rivé va célébrer son anniversaire avec une série de conférences, témoignages, jeux, cocktail et repas. L’humoriste Phil Roy sera également l’invité exceptionnel de l’organisme, le 11 avril à 13h30. Des informations et la programmation sont disponibles au centre, situé au 8178, boulevard Maurice-Duplessis, ou par téléphone au 514-648-4888.
L’Art-Rivé est aussi présent dans l’exposition Mes Pensées, Mes mots, Mon récit, Je me livre à Moi, donnée à la bibliothèque de Rivière-des-Prairies, jusqu’au 19 mai, en collaboration avec Les Impatients et L’Alternative, de Pointe-aux-Trembles.