Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Épiceries : une journée de folie, mais pas de pénurie en vue

épiceries coronavirus

Les clients se préparant pour une éventuelle quarantaine ont pris d’assaut les rayons des épiceries montréalaises. Malgré les stationnements bondés, les files qui s’étirent et les quelques tablettes vides, des propriétaires de magasins d’alimentation affirment qu’il n’y aura pas de pénurie de produits.

Que ce soit à Rivière-des-Prairies, Pointe-aux-Trembles ou encore Montréal-Nord, les citoyens se préparent et ne veulent pas manquer de nourriture, de papier toilette ou même d’eau. Ils étaient très nombreux à se ruer dans les épiceries, et ce, dès l’ouverture des magasins.

À 8h45, il y avait déjà près de 45 minutes d’attente aux caisses de l’épicerie Maxi de Rivière-des-Prairies. «D’habitude on voit autant de monde la veille de Noël, ce matin c’est vraiment exceptionnel», explique un employé.

Rencontré dans le stationnement du commerce, Jimmy explique en être à sa troisième épicerie du matin.

«À 1h, je suis allée au IGA de Rivière-des-Prairies et à celui de Pointe-aux-Trembles», explique-t-il, le panier rempli de produits.

Plusieurs clients affirment venir faire leur course vendredi matin à cause des images vues dans les médias la veille. «C’est pas forcément le coronavirus qui me fait peur, mais plus les gens qui se jettent dans les épiceries», lance une cliente. Un autre ajoute «faire des provisions au cas où la ville soit mise en quarantaine, parce qu’il va falloir limiter les déplacements».

Sur place, on remarque quelques tablettes vides comme celles du riz, des papiers toilettes et des bouteilles d’eau. Les produits non-périssables, comme les boîtes de conserves étaient également très recherchés par les clients.

À Montréal-Nord par exemple, Danielle Tellier, propriétaire du IGA extra Marché CDL Tellier, est obligé d’enfiler la veste de caissière pour aider son personnel.

«À 9h, j’ai déjà atteint les chiffres de vente que j’ai normalement à 11h», affirme-t-elle. Elle soutient également que ce sont surtout les ventes en ligne qui explosent et qui obligent une réorganisation du système à l’interne.

Loin de la pénurie

Bien qu’il y ait une forte augmentation de la clientèle au lendemain de la mise en place de mesures de sécurité par Québec pour limiter la propagation du Coronavirus, il n’y aura pas manque de nourriture dans les épiceries. Du côté de Métro, un gérant de magasin assure que les entrepôts de la compagnie sont pleins.

Mme Tellier mentionne qu’une visioconférence est prévue avec la chaîne de magasins IGA pour savoir comment vont être organisées les prochaines livraisons de marchandises. Joint par téléphone, la compagnie a expliqué «ne pas vouloir faire de commentaire».

Vendredi midi, François Legault a confirmé lors d’une conférence de presse qu’il n’y aurait «aucune pénurie de nourriture au Québec» et que les livraisons de denrées se poursuivront normalement à travers la province.

Le Conseil canadien du commerce de détail abonde dans le même sens.  «Les chaines ont commandé en fonction d’un achalandage normal, ce qui explique les tablettes vides. Elles seront remplies bientôt», assure le directeur des relations gouvernementales, Jean-François Belleau.

Des comportements de consommation normaux doivent être maintenus. «On comprend que les gens veulent faire des réserves, mais il ne faut pas oublier que les quarantaines sont d’un maximum de 14 jours. On demande aux clients de différer leurs heures de visite des épiceries», mentionne-t-il.

Angoisse

Le fait que le coronavirus soit imperceptible peut expliquer le vent de panique qui pousse les gens vers les magasins d’alimentation, selon le psychologue Pierre Faubert.

«Le verglas était visible alors qu’un virus, c’est sournois et invisible. Cela contribue à l’augmentation du sentiment d’angoisse chez les gens», mentionne-t-il.

Faubert déplore ce phénomène. «Ce n’est pas comme s’il y avait un missile nucléaire qui allait nous tomber sur la tête, indique-t-il. Les gens s’attendent à vivre isolés et par instinct de survie, ils vont s’acheter de la nourriture et papier de toilette. Cela répond à un besoin fondamental de se sentir en sécurité.»

Le psychologue recommande de prendre une pause pour retrouver ses repères. «Il faut prendre conscience que parfois comme être humain, on se comporte comme des moutons. Il faut prendre du recul », suggère Pierre Faubert.

En collaboration avec Annie Bourque et Éric Martel


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