L’arrêt soudain de tous les chantiers de construction non-essentiels aura un impact important sur les projets publics au Québec. Dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, certains travaux ont d’ailleurs été suspendus.
Sauf exception, les ouvriers sur les chantiers de la province ont cessé de travailler le 24 mars pour au moins trois semaines. L’arrondissement de RDP-PAT a donc dû temporairement mettre un halte aux travaux de la Plage de l’Est.
«L’aménagement de la promenade et de la jetée a dû être interrompu», regrette Caroline Bourgeois, mairesse de RDP-PAT, même si elle comprend les décisions de l’État.
Toutefois, Montréal poursuit l’octroi des contrats. Lors de la dernière séance du conseil municipal, la ville-centre a notamment accordé un contrat de plus de 5 M$ pour la réalisation de travaux de voirie sur plus de dix kilomètres de chaussée dans l’est de la métropole.
«L’arrêt des chantiers complique la donne, mais on souhaite que cela reprenne rapidement, qu’on puisse avancer les travaux pour lesquels l’arrondissement s’est engagé», explique Mme Bourgeois.
La planification continue
La planification des projets se poursuit malgré tout, mais autrement. Par exemple, c’est à partir de leur domicile que les employés continuent de produire des plans, d’analyser des soumissions et de préparer les appels d’offres.
D’ailleurs, c’est en mode télétravail que les équipes chargées du «Projet poussette» [nom donné au réaménagement du boulevard Gouin] s’affairent à peaufiner les données du sondage et l’étude de circulation.
Si le confinement devait se prolonger, la mairesse avance que même les consultations publiques pourraient se faire via des diffusions sur le web.
«D’autres formules peuvent être élaborées actuellement pour pouvoir accommoder des consultations publiques, il faut être créatif», explique Mme Bourgeois.
De grandes conséquences sur l’économie
S’il est encore difficile de s’avancer sur la répercussion économique réelle de cette pause forcée, la mairesse Bourgeois reconnaît «qu’il va y avoir un impact majeur sur la suite des choses».
Pour Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ), l’arrêt des chantiers pour trois semaines a déjà des conséquences importantes sur l’économie du Québec. Selon les calculs de l’organisme, cela ferait perdre environ 1 G$ par semaine de suspension de chantier au Québec.
Danielle Pilette, professeure spécialiste des questions municipales à l’Université du Québec à Montréal, abonde dans le même sens. Selon elle, «un arrêt prolongé aura de graves conséquences économiques».
Elle soutient tout de même qu’au moment du retour à la vie normal, les entreprises «devraient être avides de contrats».
«Par contre, il y aura vraisemblablement une souplesse appliquée concernant les échéances», ajoute-t-elle.
Le porte-parole de la ACQ rappelle qu’à cause d’un manque de 20 000 travailleurs, le domaine de la construction «accusait déjà certains retards à certains endroits».
Tâches essentielles
Afin de respecter les décrets gouvernementaux, Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles concentre ses «travaux sur les services essentiels», tels que les collectes, les travaux urgents d’aqueducs, d’égouts, de voirie ou encore l’élagage urgent dû à l’agrile du frêne.