Les transferts de patients des hôpitaux vers les CHSLD viennent de reprendre à Montréal. Au CIUSSS de l’Est, la mesure devrait permettre de désengorger les salles d’urgence qui dépassaient leur pleine capacité.
« Ce sont environ 35 ou 40 personnes qui vont sortir des hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini entre le 2 et 6 mai en respectant les règles de Prévention et contrôle des infections », explique par courriel Catherine Dion, conseillère en communications au CIUSSS de l’Est.
Elle ajoute que jusqu’à 10 autres personnes pourraient également s’ajouter aux 40 mentionnées.
Une fois leur congé obtenu, les patients sont renvoyés « dans le milieu de vie qui convient à leur état, que ce soit un CHSLD, une résidence, ou un centre de réadaptation ».
À l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le taux d’occupation des civières à l’urgence était descendu, mardi matin, à 83%. À Santa Cabrini toutefois, le taux est de 134%.
En raison de l’encombrement des urgences, le CIUSSS avait également pris la décision de mettre la plupart des chirurgies sur pause.
« Les chirurgies n’ont pas repris pour le moment. Nous devons d’abord recréer des zones froides ; nous y travaillons présentement. Elles reprendront ensuite », ajoute Mme Dion.
Les urgentologues satisfaits
Selon le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec (ASMUQ), la reprise des transferts aidera les urgences, alors que certains patients étaient forcés d’y rester une fois les soins donnés parce qu’ils n’avaient nulle part où aller.
« L’important sera qu’on ne retourne pas ces patients dans de mauvaises conditions, prévient le Dr Boucher. Il faut s’assurer que les CHSLD aient le contrôle. C’est extrêmement important qu’ils soient en mesure de s’assurer que la COVID ne reprenne pas. »
Il rappelle à cet effet que ce ne sont pas tous les patients qui seront retournés vers les CHSLD, alors que certains devront attendre encore davantage afin de ne pas prendre de risques.
« Ce n’est pas une mesure qui va sauver le système, mais c’est définitivement une bonne chose, ajoute le docteur. Ça va enlever de la pression sur les urgences, libérer des lits et, on l’espère, permettre aux chirurgies de recommencer. »
Il rappelle néanmoins que certaines équipes médicales sont encore décimées en raison des éclosions de COVID dans les hôpitaux.
Le syndicat mitigé
Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (SPS-ESTIM), rappelle que les hôpitaux ne contrôlent pas les entrées dans les urgences, et qu’il doit y avoir également des sorties pour que le système fonctionne. Néanmoins, il s’inquiète.
« Je comprends l’importance de sortir les gens des hôpitaux, mais dans un monde idéal, j’aurais souhaité qu’il y ait des zones tampons dans lesquels on aurait pu envoyer ces patients avant de les réintégrer en CHSLD », résume-t-il.
Il donne en exemple à ce propos le cas de l’hôtel Dupuis et de certains arénas convertis temporairement en établissements de santé. Il s’inquiète que de nouvelles éclosions de COVID puissent survenir dans les CHSLD, surtout en regard de la situation à Maisonneuve-Rosemont, qui a été un foyer d’infection.
« Même si on dit que la personne est officiellement négative, elle pourrait contracter la COVID dans les derniers jours à l’hôpital et être en période d’incubation lors de son renvoi en CHSLD », anticipe-t-il.
La COVID dans les hôpitauxEn date de lundi, il y avait des éclosions de COVID dans 8 unités sur 13 à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. 187 cas y étaient confirmés positifs. À l’hôpital Santa Cabrini, 81 cas étaient confirmés positifs. |