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Coronavirus : les urgentologues sonnent l’alarme

L'entrée des urgences de Hôpital Maisonneuve-Rosemont
L'entrée des urgences de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont Photo: Josie Desmarais/Métro

Les éclosions importantes de coronavirus dans les CHSLD de Montréal ont des répercussions jusque dans les urgences de la métropole, dont certaines commencent à déborder.

Le taux d’occupation des civières était de 107%, mercredi matin, à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Plus au nord, à l’Hôpital Santa Cabrini, il était de 132%.

Une problématique dont le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS) a bien conscience.

«Cette situation peut s’expliquer par l’application des directives émises par le ministère de la Santé. Aucun congé vers les CHSLD ou autres ressources n’est autorisé pour le moment, ce qui fait en sorte que certains patients doivent séjourner plus longtemps à l’hôpital», résume Catherine Dion, conseillère en communications.

Urgentologues inquiets

La tendance inquiète le président de l’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ), Dr Bernard Mathieu, qui souligne que les soins deviennent plus difficiles à administrer dans les circonstances.

«Il faut à tout pris qu’on ait accès à des ressources post-hospitalisation pour les personnes âgées. On a des patients qui peuvent rester sur une civière à l’urgence pendant 48h et plus, révèle-t-il. On n’avait pas ça en début de pandémie.»

«C’est inquiétant, on sonne l’alarme depuis la fin de semaine. Les urgences sont toujours le filet de sécurité du système de santé. Il ne faut pas que ça perdure», s’exclame pour sa part le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec (ASMUQ).

Ce dernier explique qu’avec les hôpitaux remplis à pleine capacité, le personnel n’a plus la même capacité de s’occuper des personnes toujours en attente de procédures médicales importantes. «Ça devient difficile de faire des chirurgies électives pour les cancers, illustre-t-il. C’est important de pouvoir sortir des patients pour s’occuper du restant de la population.»

Manque de personnel dans les urgences ?

Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini atteignent un stade «critique», selon Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (SPS-ESTIM).

«Pas plus tard que ce matin, on a discuté aux professionnelles des urgences [des deux établissements rosemontois]. On a atteint la pleine capacité dans pratiquement tous les grands hôpitaux de l’Est», maintient-il.

Après un ralentissement de leurs activités, les services d’urgences ont repris de plus belle dans les derniers jours, avance M. Cloutier. Un phénomène qui s’envenime en raison des cas d’infection au sein du personnel.

«Pour l’instant, il y a à peu près quatre employés qui tombent malades pour un qui revient au travail. On ne pourra pas subvenir aux besoins s’il y a de plus en plus d’infirmières qui tombent malades pour quatorze jours.» – Denis Cloutier, président du SPS-ESTIM.

Pistes de solution

La direction de la santé publique confirme avoir constaté ce «nouveau phénomène», auquel elle veut remédier. « Il faut voir avec les établissements de santé et analyser plus en détail les données disponibles », résume la directrice régionale, Mylène Drouin.

Le syndicat local affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé exige d’éliminer entièrement le concept de «zones froides» des hôpitaux montréalais. Actuellement, certaines précautions sont mises de côté dans ces secteurs des hôpitaux où le coronavirus ne circule pas.

Pour le Dr Boucher, à l’ASMUQ, deux grands scénarios permettraient de désengorger les urgences dans l’Est de l’île. «On pourrait ouvrir des sites alternatifs, des places où on peut mettre plusieurs personnes qui y seront prises en charge par du personnel médical.»

Il donne à ce propos l’exemple de l’Hôtel Place Dupuis, temporairement transformé en établissement de santé.

«L’autre solution, ce serait que les CHSLD finissent par reprendre le contrôle et qu’on s’organise pour que les patients puissent y retourner.»

Du côté du CIUSSS de l’Est, on indique travailler afin de régler la problématique. « Nous pensons être en mesure de trouver une solution très prochainement ce qui permettra de soulager l’urgence en libérant des lits d’hospitalisation », annonce Mme Dion.


Les chirurgies suspendues dans les deux hôpitaux

En matinée le CIUSSS de l’Est a également annoncé que les chirurgies nécessitant une hospitalisation sont maintenant suspendues, tant à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont qu’à Santa Cabrini. La décision survient en raison d’éclosions de la COVID-19, et en raison du nombre déjà important de patients dans les urgences. La mesure ne s’applique toutefois pas aux chirurgies urgentes.

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