Le Comité consultatif d’urbanisme (CCU) de Montréal-Est serait trop partisan, selon un de ses membres citoyens et candidat au conseil, Denis Marcil. Il réclame que lui-même et un membre citoyen se présentant dans l’équipe politique adverse soient retirés du comité.
« Le CCU devient de plus en plus politisé. (…) Je pense que le CCU devrait représenter la population générale, et pas des gens qui ont des intérêts partisans », a déclaré le candidat pour l’équipe Équipe Anne St-Laurent en action! lors de la séance du conseil de ville du 21 avril.
Le CCU de Montréal-Est est composé d’un total de neuf membres. Trois élus y siègent, dont le maire et deux conseillers. Parmi les six membres citoyens y siégeant, deux sont candidats au conseil pour les prochaines élections municipales, respectivement pour l’Équipe Coutu et l’Équipe Anne St-Laurent en action!
En entrevue, M. Marcil explique qu’il souhaite que le conseil le retire du CCU lui-même, et Robert Schloesser, candidat au conseil dans l’équipe Coutu, ou que les deux donnent leur démission. Le candidat dénonce notamment qu’un procès-verbal d’une rencontre passée du CCU ait été modifié, ne reflétant pas bien les propos qu’il y a tenus.
Cette séance concernait notamment la zone H13, une zone du centre-ville qui cause plusieurs débats au conseil. Une motion pour y changer le zonage y limiterait le développement immobilier.
Réactions
Le maire de Montréal-Est, Robert Coutu, a affirmé lors de la séance que le procès-verbal du CCU en question avait été modifié car il était « mal fait ». Au sens plus large, il a affirmé que la question de M. Marcil sur la composition du CCU valait la peine d’être réfléchie.
En entrevue, il a cependant indiqué ne pas voir la nécessité de retirer ces membres, à moins que le conseil en décide autrement. « Si tout le monde se présente à la prochaine élection, il va falloir sortir tout le comité? On est d’abord citoyens quand on parle de projets dans le comité. Si on commence à faire de la politique avec le CCU je pense que ça n’a pas sa place.»
M. Schloesser, qui siège depuis plus de trois ans sur le CCU, trouve la demande de M. Marcil « inappropriée et farfelue ». « Je n’ai pas changé ma façon de faire car je me présente aux autres élections. S’il ne se sent pas à l’aise c’est à lui de s’en aller. »
Trop d’élus sur le CCU?
Le règlement encadrant le CCU adopté en 2011 prévoyait qu’il soit composé du maire, d’un conseiller, ainsi que 4 membres citoyens. Il a été changé en juin 2020, édictant que le conseil soit formé du maire, de 2 conseillers municipaux, et de 6 membres citoyens choisis parmi les résidents de la Ville.
M. Coutu explique que le règlement avait été changé à la demande de l’opposition afin de permettre un équilibre politique au sein du comité.
Raphaël Fischler, doyen de la faculté de l’aménagement à l’Université de Montréal et professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage, croit pour sa part qu’un CCU composé au tiers d’élus est « beaucoup ».
À son avis, un nombre aussi élevé d’élus sur le comité prive avant tout la ville d’avis précieux d’experts et de citoyens.
L’universitaire concède que les décisions d’urbanisme « sont des décisions politiques dans une certaine mesure, car il s’agit de voir comment on veut que la ville évolue. » Or, il rappelle que ce comité est censé ne pas avoir de mandat politique.
« Souvent, on dit que c’est bien qu’il y ait un élu au sein du CCU qui assure une bonne liaison entre les élus et le CCU. En théorie, il vaut mieux que le CCU ait une certaine indépendance et donc puisse vraiment juger les projets selon leur mérite. C’est aux élus à prendre cet avis et à prendre une décision politique. »
À son avis, les deux candidats au conseil auraient d’ailleurs raison de se retirer du CCU. « Ils ne peuvent pas utiliser le CCU pour faire valoir leur vision politique. Et ils ne peuvent pas utiliser leur appartenance au CCU pour soutenir leur campagne ».