Où peut-on retrouver des œuvres de Riopelle, d’anciennes cartes géographiques du fleuve Saint-Laurent et un exemplaire du Catéchisme du Diocèse de Sens de 1765, le tout premier livre imprimé en sol québécois ? Dans Rosemont – La Petite-Patrie.
Caché entre les rues Holt et des Carrières, près de l’avenue De Lorimier, se trouve le siège social de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Toutefois, contrairement à son édifice frère du centre-ville, fréquenté par des millions d’utilisateurs chaque année, les 115 employés qui s’y affairent ont une mission bien particulière: conserver pour les générations futures tout ce qui a été publié dans la province.
«Depuis la création de la loi sur le dépôt légal il y a 50 ans, le gouvernement du Québec demande aux éditeurs et artistes de créer deux exemplaires de tout document publié, un pour la diffusion et l’autre pour la conservation», explique Maureen Clapperton, directrice générale de la Bibliothèque nationale.
Ainsi, dans le bâtiment datant de 1948, autrefois propriété d’une usine à cigares, puis de Loto-Québec, se trouvent rangée à après rangée, 2,4 millions de documents: la mémoire de la Belle Province.
Le tout est précieusement gardé, la température contrôlée à 18 degrés Celsius et l’humidité à 42 %.
«La ventilation, que nous avons héritée de l’usine, est exceptionnelle», insiste Mme Clapperton. En effet, tout semble avoir été mis en place pour assurer la pérennité des documents.
Si les chercheurs et curieux peuvent se rendre sur place pour consulter les livres, cartes géographiques, cartes postales, etc., la consultation devra se faire dans une salle préparée à cet effet et accompagnée d’un expert. Rares sont ceux qui ont le privilège de circuler dans les rayons de la Bibliothèque nationale.
D’ailleurs, ses employés aussi y travaillent avec toutes les précautions possibles. Gants blancs, sarraus et protections en vrac s’imposent ici.
Conserver des œuvres centenaires
Une des tâches les plus laborieuses à laquelle s’attardent les employés du 2275, rue Holt, est la numérisation de l’ensemble documents qui s’y trouvent.
«Nous procédons par lots, mais nous faisons aussi de la numérisation à la demande d’utilisateurs. Ce service n’est toutefois pas gratuit, précise la directrice. Une fois numérisés, les documents sont accessibles en ligne. Ils sont enregistrés sur plusieurs serveurs, certains à l’extérieur du Québec, en cas de catastrophe.»
Cependant, pour que les œuvres soient transformées en données informatiques, il faut auparavant que l’on assure leur conservation. Entre en scène, Marie-Claude Rioux, une des restauratrices sur place.
«Pour les documents, nous utilisons du papier japonais et de la colle à base d’amidon pour réparer les déchirures et les imperfections. Ce sont des matériaux qui permettent de retirer les corrections que nous apportons si cela est nécessaire», signale Mme Rioux.
Les tomes poussiéreux ne sont pas les seuls articles précieux jalousement conservés. Par exemple, de nombreuses affiches et imprimés créés pour l’Exposition universelle tenue à Montréal en 1967 s’y retrouvent aussi.
C’est avec attention que Mme Rioux déroule une affiche du pavillon du Danemark, «particulièrement rare», qui comme de nombreuses œuvres qui se retrouvent aux archives est le fruit d’un don d’un particulier.
Le document se trouvera au cœur d’une exposition qui se tiendra le 5 mars 2017, lors de la Journée blanche, un événement qui a pour l’Expo 67. La journée dédiée à faire connaître l’établissement aux résidents se terminera par une projection extérieure du film culte, La Guerre des Tuques.