Une autre élue de Projet Montréal vient de confirmer qu’elle quittera le parti de la mairesse Valérie Plante.
La conseillère municipale dans Rosemont-La Petite-Patrie, Christine Gosselin, en a fait l’annonce jeudi soir sur les réseaux sociaux. Elle a justifié cette décision en dénonçant la gestion «rétrograde et autoritaire» de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en matière de ressources humaines.
«Renvoyée sans ménagement et sans explications du comité exécutif il y a presque deux ans, j’y ai moi-même goûté et en suis restée d’autant plus déstabilisée que la mairesse fait valoir ses valeurs féministes sur toutes les tribunes», écrit la conseillère du district du Vieux-Rosemont.
En 2017, Mme Gosselin avait obtenu le poste de responsable de la culture au comité exécutif. Deux ans plus tard, en mars 2019, la mairesse Valérie Plante a annoncé un brassage des cartes au sein de cette instance. Mme Gosselin y a alors perdu son siège au profit de la conseillère Magda Popeanu. À l’époque, Mme Plante avait fait valoir que Christine Gosselin souhaitait «relever de nouveaux défis».
«Je me suis tue, car je craignais de manquer de solidarité et de faillir à mon devoir de soutenir la première femme maire de Montréal», dévoile aujourd’hui Mme Gosselin, qui siégera comme élue indépendante en 2021.
L’affaire Sue Montgomery
Mme Gosselin, qui ne se représentera d’ailleurs pas aux prochaines élections municipales, affirme par ailleurs avoir été «fortement interpellée» par le jugement rendu la semaine dernière dans la cause judiciaire qui oppose la mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, à la Ville de Montréal.
Dans sa décision, le juge Bernard Synnott, de la Cour supérieure du Québec, constate que la Ville a franchi «la ligne du raisonnable» en tentant d’empêcher la directrice du cabinet de Mme Montgomery, Annalisa Harris, d’avoir accès aux fonctionnaires de l’arrondissement. La jeune femme de 28 ans a fait l’objet d’une enquête du contrôleur général l’an dernier à la suite d’allégations de harcèlement psychologique de la part de deux employés de l’arrondissement.
Le juge a ainsi donné son appui à la demande de la mairesse d’arrondissement en faveur d’une injonction qui mettrait fin aux directives de la Ville visant à empêcher Mme Harris d’entrer en contact avec les fonctionnaires de l’arrondissement.
«Maintenant, nous savons que c’est la Ville qui a agi de manière illégale et que Sue Montgomery était, non seulement justifiée de résister aux pressions exercées sur elle pour qu’elle congédie sa chef de cabinet Annalisa Harris, mais qu’elle faisait preuve d’intégrité en refusant de le faire», constate Mme Gosselin. Cette dernière déplore d’ailleurs que l’administration Plante ait refusé jusqu’à maintenant de reconnaître «une part» de responsabilité dans cette affaire.
«J’admire ton courage et ton intégrité», a d’ailleurs souligné Sue Montgomery, en réponse à la publication de Mme Gosselin.
Des «problèmes internes» à Projet Montréal
Mme Gosselin fait par ailleurs état, dans son long message, des «problèmes internes» à Projet Montréal.
«Il appert que les agissements en coulisses ne sont pas toujours en accord avec les professions de vertu énoncées en public. D’ailleurs le récit des expulsions, des départs et des désistements en vue de la prochaine élection parle de lui-même», peut-on lire.
La semaine dernière, le conseiller de Projet Montréal Christian Arseneault, qui siège dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, a aussi annoncé son départ de ce parti. À la fin octobre, Projet Montréal a aussi exclu de son parti la conseillère de Lachine Julie-Pascale Provost. La mairesse d’arrondissement Sue Montgomery a aussi subi le même sort, en janvier dernier.
Mme Gosselin siège actuellement sur trois commissions publiques de la Ville. À l’instar de M. Arseneault, qui a perdu cette semaine son poste de vice-président à la Commission sur l’examen des contrats, la conseillère du Vieux-Rosemont s’attend à perdre sa place à ces commissions en raison de «la logique qui sous-tend les nominations partisanes», écrit-elle.
L’opposition réagit
L’opposition officielle a réagi par écrit en début de soirée.
«Avec sa démission, Christine Gosselin attaque directement le jugement et l’intégrité morale de la mairesse Plante. Avec trois départs en quelques semaines, la crise est réelle et je remets sérieusement en question la capacité de la mairesse à gérer Montréal alors que son parti implose», affirme le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, Chef de l’Opposition officielle
«Encore une autre femme forte et courageuse qui décide de ne plus se rallier au mode de gestion autoritaire et questionnable de Projet Montréal», écrit pour sa part la leader de l’opposition officielle, Karine Boivin-Roy. Cette dernière presse d’ailleurs Mme Plante et son parti de «faire un examen de conscience et de répondre publiquement aux allégations de climat malsain qui pullulent dans leurs rangs.»
Le cabinet de Mme Plante a pour sa part qualifié cette nouvelle de «triste».
«Son départ n’est pas une surprise, considérant que Mme Gosselin a déjà annoncé il y a plusieurs mois son intention de quitter la vie politique municipale», indique une attachée de presse, Catherine Cadotte. Elle indique toutefois que le cabinet n’a pas la «même interprétation» des «conclusions» auxquelles arrive Mme Gosselin.
Le départ de la conseillère représentera une occasion pour Projet Montréal de présenter «un nouveau visage» dans le district du Vieux-Rosemont, ajoute Mme Cadotte.