D’une part, il y a les citoyens. Si certains habitent cet endroit depuis des lustres, plusieurs s’y sont installés dans les dernières années, attirés par le prix avantageux des demeures et le caractère hétéroclite du voisinage. De l’autre, il y a des entreprises. Celles dont les activités sont plus lourdes incommodent les résidents. C’est notamment le cas de la boucherie AMGA, qui est implantée dans cette zone industrielle depuis 1973.
Bouchons de circulation, camions de livraison qui empiètent sur les trottoirs, conteneur à déchets qui émet des odeurs nauséabondes, présence de carcasses et de coulisses de sang sur la chaussée, pollution lumineuse, déchargement de neige dans la rue et transbordement en dehors des heures permises : les griefs du voisinage contre ce commerce sont nombreux.
« Lors de l’inauguration de notre murale [dans la ruelle], le maire s’est arrêté devant le conteneur d’AMGA. Il y avait une grosse tache de sang, des odeurs et des mouches. C’était dégueulasse! C’est une ruelle verte! On travaille pour ça et il y a des enfants qui jouent là », fait valoir un citoyen qui ne souhaite pas être identifié, craignant des représailles de l’entreprise.
Excédés, les riverains ont fondé la Coalition Jeanne-Mance qui multiplie les interventions auprès des entreprises et des instances municipales pour régler cette situation problématique.
Activités commerciales normales
S’ils concèdent que leurs activités peuvent déranger les gens du quartier, les dirigeants d’AMGA affirment que celles-ci sont tout à fait normales pour un commerce du genre. Ils insistent aussi sur le fait qu’ils respectent la réglementation en vigueur.
« Si un camionneur roule sur le trottoir, ce n’est que pendant une minute, le temps de reculer dans le quai de chargement. C’est comme ça partout, au centre-ville ou dans les autres parcs industriels », nuance par la suite Angelo Mardas, l’un des propriétaires.
« Même chose pour le couvercle du conteneur : les employés ne le laissent ouvert que quelques instants, le temps de mettre les déchets à l’intérieur », renchérit le gérant, Peter Martakis, indiquant que celui-ci ne contient que du carton et des emballages de plastique.
Les dirigeants de l’entreprise soutiennent aussi être prêts à apporter des correctifs à leurs manières de faire, dans la mesure où cela ne nuit pas à leurs opérations.
Cohabitation
Aux critiques qui disent aux résidents qu’ils savaient qu’il s’agissait d’un secteur industriel, ceux-ci répondent que « les maisons datent du début du siècle ».
« Il y en a toujours eu. Là n’est pas la question. Les commerces savent eux aussi dans quel milieu ils s’implantent », répondent du tac au tac, les membres de la Coalition.
Lorsqu’on retourne la question à AMGA, les dirigeants insistent sur le fait qu’il s’agit d’un territoire semi-industriel.
« On ne connaît pas nos voisins. On arrive le matin, on travaille, on ferme le magasin et on quitte le soir, that’s it », fait valoir M. Martakis.
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