Les organismes de Saint-Laurent souligneront les 16 jours d’action contre la violence fondée sur le sexe, à partir du 25 novembre, avec plusieurs activités qui feront écho à leur travail quotidien auprès des femmes.
Une soixantaine de femmes fréquentent chaque semaine le Centre des femmes de Saint-Laurent, qui a pour mission l’amélioration de la condition féminine. Environ un tiers des sollicitations qu’il reçoit sont liées à la violence physique, psychologique, sexuelle, économique et autres.
«Les types de violences sont imbriqués entre elles, il y a des choses à clarifier et c’est extrêmement tabou», souligne l’organisatrice communautaire, Corinne Gros.
En plus du service individuel d’écoute et de soutien, des activités éducatives et des actions collectives sont organisées, notamment des cours d’autodéfense. Ces derniers, donnés en collaboration avec le Centre de prévention des agressions de Montréal, visent à favoriser la confiance en soi.
«Des femmes viennent notamment en disant que, si elles se font frapper par leur conjoint, c’est par amour. Nous devons déconstruire cela, car la violence est une prise de pouvoir», raconte la directrice Malika Rahmani.
«Nous avons eu par exemple une dame intimidée, qui n’osait plus sortir de chez elle. Après le cours, elle a fait deux fois l’aller-retour entre le centre et son domicile, tellement elle était fière d’avoir vaincu cette crainte», ajoute Mme Gros.
«Pour lutter contre la violence faite aux femmes, il faut une politique qui touche tous les niveaux, dès le préscolaire, avec des cours d’éducation sexuelle notamment.» — Corinne Gros, organisatrice communautaire au Centre des femmes de Saint-Laurent
Femmes immigrantes
«Notre défi est d’accueillir les femmes de toutes les cultures, mais même si elles semblent très différentes, elles ont toujours beaucoup de choses en commun, ce qui favorise la cohésion dans notre microsociété interculturelle et intergénérationnelle qu’est le Centre», précise Mme Rahmani.
Le Centre d’Accueil et de Référence sociale et économique pour Immigrants de Saint-Laurent (CARI St-Laurent), par son service Femmes du monde, vient particulièrement en aide aux nouvelles arrivantes.
«Les immigrantes sont plus vulnérables, car la priorité est souvent donnée à l’homme dans la recherche d’emploi et elles se retrouvent isolées», indique la chef d’équipe, Ariane Vinet-Bonin.
Arrivée au Québec dans les années 1960, Jacqueline Romano-Toramanian s’implique bénévolement depuis les débuts du CARI St-Laurent. «Nous rencontrons des femmes qui ont subi toutes sortes de violences, en plus de la dépendance économique et de la pauvreté. Certaines ont subi le viol comme arme de guerre.»
Parmi les activités proposées, que ce soit des ateliers de discussion, manuels et sportifs, un comité d’une douzaine de femmes se réunit chaque semaine. Ils sont à préparer des événements pour commémorer les deux semaines d’action contre la violence.
«On a réussi à créer un espace de discussions avec ces femmes de partout et de toutes générations, qui ont une grande expérience de la vie. Nous voulons maintenant inviter les gens à comprendre et trouver des solutions à la violence faite aux femmes», souligne Samia Slimani, une des membres du comité.
Commémoration
Les 16 jours d’activisme débutent le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, pour se terminer le 10 décembre qui soulignera la Journée internationale des droits de la personne.
La tragédie de Polytechnique survenue le 6 décembre 1989, où 14 étudiantes ont perdu la vie, est le point d’amorce du panel-discussion organisé par le CARI St-Laurent. La journaliste Francine Pelletier, dont le nom figurait sur la liste du tueur, y participera. Elle sera accompagnée de Nadia Juracoschi, membre de Femmes de diverses origines, un collectif d’organisations de femmes représentant la diversité culturelle de Montréal, ainsi que de Nahka Bertrand, une militante autochtone.
S’unir
Pendant ces deux semaines, le Centre des femmes de Saint-Laurent organise une série de quatre rencontres intitulées «Unissons-nous contre la violence faite aux femmes». Les objectifs sont de comprendre les comportements violents, leurs répercussions et les besoins des victimes.
«Nous voulons favoriser une prise de position contre la violence conjugale et inviter à être à l’écoute, pour briser l’isolement, car il n’y a rien de pire que de dire à une victime qu’elle n’a qu’à partir», explique Mme Gros.
Les rencontres auront lieu les 28, 29 et 30 novembre ainsi que le 6 décembre de 9h30 à 11h30. Des bougies et des rubans blancs seront également distribués devant la station de métro Du Collège, le 6 décembre, Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes au Canada, de 13h30 à 15h, pour dénoncer la violence faite aux femmes.
Pour plus d’informations:
Centre des femmes de Saint-Laurent: 514 744-3513
CARI St-Laurent: 514 748-2007, poste 237
Quelques chiffres
- Dans le monde, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle, le plus souvent commise par un partenaire intime
- Tous les six jours au Canada, une femme est tuée par son partenaire intime
- Au Canada, la moitié des femmes ont été victimes d’au moins un acte de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 16 ans
- Comparativement aux hommes, les femmes courent 11 fois plus de risque d’être victime de violence sexuelle
(Source: ONU et Statistique Canada)