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Jongler entre son rôle d’élue et son rôle de mère

Madwa-Nika Cadet, députée de Bourassa-Sauvé. Photo: Facebook Madwa-Nika Cadet.

De plus en plus nombreuses à se lancer en politique, les femmes doivent savoir jongler entre leurs responsabilités d’élue et leur vie de famille. Faute d’alternative, plusieurs jeunes politiciennes sont parfois obligées, comme Pauline Marois et Geneviève Guilbault par le passé, d’emmener leur bébé avec elles au travail, à l’Assemblée nationale ou à la mairie.

«J’attends toujours cette halte-garderie qu’on m’avait promise», lance la députée de Bourassa-Sauvé, Madwa-Nika Cadet, mère d’un enfant de 1 an. Elle venait d’accoucher et était en congé de maternité lorsqu’elle s’est lancée dans la course à l’investiture libérale, en 2022.

Son élection le 3 octobre dernier l’a sortie de son congé de maternité payé par le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), qui se serait terminé en février. «J’avais souvent le bébé avec moi pendant l’investiture et la campagne électorale, mais plus j’avançais, plus c’était devenu difficile. Ma famille et mon conjoint ont pris la relève», dit-elle en entrevue avec Métro.

Jusqu’à décembre dernier, elle vivait avec la crainte de recevoir une plainte pour manque d’assiduité à la charge publique de la commissaire l’éthique.

Mais la situation est sur le point de changer. À la fin de 2022, les députés ont adopté une loi qui protège les nouveaux parents des remous de la part de partis ou collègues en raison d’une absence prolongée.

Je trouve que c’est une belle avancée, mais on pourrait aller plus loin. Ça donne le goût aux jeunes de vouloir faire de la politique.

Madwa-Nika Cadet, députée libérale de Bourassa-Sauvé

«Les hommes aussi en profitent»

D’autres femmes, comme la mairesse d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville Émilie Thuillier, n’ont pas eu cette chance. Élue depuis 13 ans, Mme Thuillier a accouché de ses deux enfants en 2011 et 2014. Le mois suivant ses accouchements, elle assistait au conseil municipal, le règlement de la Ville de Montréal de l’époque ne permettant de manquer qu’une seule assemblée pour motif d’accouchement. Sinon, elle risquait une destitution de la part de ses collègues.

À l’instigation de Mme Thuillier, deux autres élues se trouvant dans la même situation se sont jointes à elle et se sont battues contre la Ville de Montréal. Le conseil municipal a ainsi adopté en 2015 une résolution accordant 18 semaines de congé parental aux élus. Une mesure que la Ville a ensuite convaincu le gouvernement du Québec d’appliquer à l’échelle de la province.

Nous l’avons fait, les femmes. Mais les hommes en profitent aussi à travers le Québec.

Émilie Thuillier, mairesse d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville

En plus de ces 18 semaines de congé parental, un programme d’accompagnement a été mis sur pied entre 2019-2020 par la Ville de Montréal. Ainsi, débutant deux semaines avant l’accouchement et se terminant deux semaine après le congé parental – donc, pendant 22 semaines –, l’administration municipale paie quelqu’un, à raison de 25 heures par semaine, pour faire le suivi des dossiers de l’élu en congé parental.

La mairesse d’arrondissement de Montréal-Nord, Christine Black, qui part en congé pour son deuxième enfant, se réjouit de ces «pas dans la bonne direction». «Il y a des gens qui ont fait de ce dossier leur cheval de bataille, mais le chemin doit se poursuivre. La réflexion doit se poursuivre pour arriver à améliorer encore plus un retour progressif au travail, par exemple», plaide-t-elle, en entrevue avec Métro.

Comme la députée de Bourassa-Sauvé, Christine Black dit avoir eu recours à son entourage et son conjoint pour s’en sortir lors de son premier accouchement. «Ma fille est née en 2021. Il m’arrivait, des fois, de la prendre sur moi pendant une intervention au conseil municipal», témoigne-t-elle.

Dans son rapport sur La conciliation famille-travail, le Conseil des Montréalaises avait proposé en 2017 «que la Ville de Montréal poursuive la mise en place et fasse la promotion d’un service de halte-garderie gratuit, ouvert aux élu.es et à la population, lors des conseils municipaux et des conseils d’arrondissement».

Peu avant la pandémie, un service de garde avait débuté dans les assemblées de conseils, mais en raison du télétravail, le service a été interrompu. Il n’a pas repris depuis la fin de la pandémie.

Chantier sur la parité au municipal

Le Groupe femme politique et démocratie ainsi que le Réseau femmes et politique municipale ont réfléchi ensemble le 2 mars aux moyens pour parvenir à une parité dans les mairies, mais aussi à la vie de famille pour les femmes en politique. Selon le constat des femmes, le temps accordé aux nouveaux parents pour revenir au travail est trop court.

Les mesures de conciliation famille-travail-vie politique sont ressorties comme prioritaires lors des échanges: accès à un service de garde dans les conseils municipaux, réunions en ligne et/ou en présentiel, congé de maternité/parental de plus de 18 semaines ainsi qu’une mesure prévoyant des congés pour les proches aidants.

Extrait d’un communiqué conjoint de Groupe femmes politique et démocratie et du Réseau femmes

Autre constat: les femmes disent se sentir plus outillées et soutenues lorsqu’elles font partie d’un parti ou d’une équipe. Ainsi, un meilleur soutien serait souhaitable dès l’annonce de leur candidature.

Encourager les partis et les équipes à la parité de candidatures s’avère également une solution incontournable. Parmi les mesures étudiées, rendre la fonction de maire.sse suppléant.e obligatoire et y nommer une personne de sexe opposé a été jugée intéressante.

Au total, 76% des postes à la mairie sont actuellement occupés par des hommes au Québec. En nommant des mairesses suppléantes, cela créerait un bassin considérable de futures candidates.

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