Rares sont les métiers dont les pratiques n’ont pas été ébranlées par le coronavirus. Les habitudes du peintre laurentien Raynald Murphy, qui prépare une série sur la pandémie, ne font pas exception.
Depuis le début de la crise sanitaire, l’homme de 76 ans a réalisé plus d’une trentaine de toiles qui présentent l’arrondissement Saint-Laurent sous un jour méconnu. La série se démarque par l’absence d’humains dans ses cadres.
«J’ai peint toutes les stations de métro de Montréal. Il y a des personnages habituellement», souligne l’aquarelliste.
Celui qui a enseigné pendant 32 ans au niveau secondaire à Montréal profite des journées où la température est clémente pour monter dans sa caravane et cibler un endroit qui lui plaît.
L’artiste, qui crée plus de 90% du temps en plein air, profite du fait que les rues et les espaces de stationnement sont déserts pour approcher des scènes avec des angles habituellement moins accessibles, tels que certains bâtiments situés à l’arrière du cégep de Saint-Laurent.
«Comme je ne pouvais pas aller peindre en ville, je me suis dit, si je m’encabane dans mon auto, je peux quand même suivre les règles, sortir de la maison, peindre des œuvres», dit le cofondateur de l’Association des artistes de Saint-Laurent.
Son espace étant restreint, il peint sur des toiles légèrement plus petites qu’à l’habitude. Il utilise également la technique de urban sketching, c’est-à-dire qu’il commence ses œuvres sur le terrain et les termine sans avoir de photo à l’appui.
«Je me suis donné le but de rester à Saint-Laurent et que ce soit un projet qui exploite Saint-Laurent. C’est la ville que j’ai adoptée, que j’aime.» — Raynald Murphy, peintre
Défis
Résident de Saint-Laurent depuis 1981, il a illustré plusieurs lieux sur le territoire, principalement ceux qui ont une architecture particulière.
«J’ai croqué les deux bibliothèques, une bonne section du Collège Vanier, de différents angles. J’ai fait quelques coins industriels aussi, souligne M. Murphy. Il en reste encore à faire.»
Le père de quatre filles s’est penché sur une foule de paysages ailleurs au Québec, allant du Vieux-Montréal à tous les villages de la Gaspésie, en passant par les rives nord et sud.
«La pandémie, ça m’a fait réaliser qu’on n’a pas besoin de s’évader en Europe ou ailleurs pour trouver un sujet pour peindre et chercher de l’inspiration. On en a dans notre arrière-cour si on a vraiment regardé», indique le membre de la Société canadienne de l’aquarelle.
Raynald Murphy ignore s’il va vendre ses toiles, mais s’il le fait, les fonds recueillis pourraient être remis à un organisme communautaire.