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Souvenirs de pandémie: des acteurs locaux racontent

Banque alimentaire d'un organisme
Les demandes d'aide alimentaire ont explosé dans l'arrondissement lors de la première vague. Photo: Archives/Métro Média

Du politique, aux commerces locaux, en passant par le communautaire, trois acteurs centraux de l’arrondissement Saint-Laurent racontent leurs souvenirs du tout début de la pandémie.

Sur le pied de guerre

Proactivité et prévention ponctuent le discours du maire Alan DeSousa qui passe sous la loupe, un an plus tard, les balbutiements de la pandémie dans l’arrondissement Saint-Laurent.

Tout juste avant que l’état d’urgence soit décrété, le ministre des Finances Eric Girard s’apprêtait à présenter le budget annuel du Québec. Le coronavirus commençait alors à soulever de plus en plus de questionnements.

En tant que «bon comptable agréé» et étant intrigué de voir si des mesures face à l’imminente crise sanitaire seraient présentées, Alan DeSousa était bien attentif ce jour-là.

«À mon étonnement, le budget ne faisait aucune mention des effets potentiels du virus sur l’économie et la société québécoise», se rappelle-t-il.

Le lendemain, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait que la propagation de la COVID-19 avait atteint un niveau de pandémie.

«Ça m’a fait réaliser que le pouvoir d’influence est très, très puissant.» -Alan DeSousa

Dans cette même période, la directrice de l’arrondissement, Isabelle Bastien, mettait sur pied une équipe d’urgence rassemblant des représentants de toutes les divisions, en quête de solutions.

«On n’a pas voulu attendre. On a voulu immédiatement prendre des précautions pour protéger nos résidents et nos employés», explique M. DeSousa.

L’administration locale annonçait que les effectifs en conciergerie des bâtiments municipaux pourraient compter jusqu’à trois employés supplémentaires. Les cols bleus étaient appelés à nettoyer les lieux de façon systématique et en continu.

Aussi, quelque 250 affiches informatives tapisseraient les corridors, les unités de travail et les toilettes publiques.

Plus tard, des rencontres régulières ont été organisées avec les élus des arrondissements desservis par le CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal durant lesquelles il y a un survol des situations locales de la pandémie.

Résilience

De nombreux facteurs se présentaient comme de potentielles sources de propagation. Une part considérable de la communauté voyage dans le sud-est de l’Asie – où la pandémie s’est initialement développée -, note en exemple Alan DeSousa.

S’assurer que la population change son comportement aurait donc été le principal défi.

«Le volet communication auprès des citoyens sur les divers réseaux sociaux, sur les diverses plateformes, était important pour que ce message [de sensibilisation] soit propagé», soutient le politicien.

La crise sanitaire a fait ressortir les enjeux les plus criants de Saint-Laurent, comme l’écart de richesse entre les quartiers et l’insécurité alimentaire.

«La pandémie a eu un effet de solidarité sur les Laurentiens et les Laurentiennes. Ça a démontré la résilience de notre communauté», fait valoir le maire.

À ce jour, l’arrondissement cumule environ 6 200 cas confirmés de COVID-19.

Dose d’adrénaline

«J’ai pris la décision de fermer toutes les entreprises et tous les commerces, sauf pour les services essentiels jusqu’au 13 avril.» Cette annonce sans précédent du premier ministre François Legault, le 23 mars 2020, est restée gravée dans la mémoire du directeur général de la Société de développement commercial du Nord de Décarie, Quartier D, Gil Favreau.

Dans les bureaux du boulevard Décarie, il était rivé à un écran, à l’instar de milliers de Québécois. «Je me souviens qu’on était un peu comme tout le monde, tétanisé, pétrifié, par l’ampleur. C’était l’inconnu, totalement, mentionne celui qui a pris les rênes de l’organisme à l’été 2019. C’était la réalité qui dépasse la fiction.»

Il était alors trop tôt pour élaborer quelconque plan de sauvetage pour rassurer les commerçants. «C’était un réflexe de gestion, de prendre un set-back [pas de recul], et surtout, de ne prendre aucune décision rapide», lance M. Favreau.

Une fois les annonces du gouvernement digérées, l’heure était à la proactivité. Une opération de communication s’est opérée.

«Dans les jours qui ont suivi, j’ai sillonné la rue, je ne pouvais pas rester inactif, relate le DG. Je cognais dans les vitrines des marchands pour communiquer le fait qu’ils devaient fermer [par exemple].»

Le coronavirus demeurait alors en partie méconnu des autorités sanitaires. Le port du masque n’était pas imposé à ce moment. Or, Gil Favreau s’était assuré de transmettre à ses membres les recommandations dans plusieurs langues pour sensibiliser un maximum de commerçants.

Ses anciennes implications notamment dans le milieu communautaire avec l’Anonyme, qui intervient auprès des jeunes en difficulté et des personnes dans un environnement à risque, lui ont aussi permis d’offrir un soutien à certains commerçants.

«Il y en a qui avait un trop-plein d’émotions, et j’étais attentif. J’étais dans le ‘‘ici, maintenant’’», soutient le cinquantenaire.

Stabilité

Les contacts avec les membres de Quartier D se sont avérés importants notamment avec l’annonce de nombreux programmes gouvernementaux visant à assurer la survie des entreprises.

À l’annonce de la réouverture graduelle des commerces, il était hors de question de se réjouir trop vite. «On nous annonçait déjà une deuxième vague. Aussi, on était attentif à ce qui se passait ailleurs sur la planète», évoque M. Favreau.

Le retour en force de la COVID-19 à l’automne a fait plus mal aux commerçants. Plus de locaux de façade seraient disponibles, aux dires du DG de Quartier D, qui ressent cependant un engouement d’entreprenariat dans le quartier. Il espère que les familles pourront, comme avant, savourer une bonne crème glacée au soleil.

En première ligne

Les organismes communautaires de Saint-Laurent ont été mis à rude épreuve dès le début de la pandémie, devant répondre aux besoins primaires des communautés comme l’insécurité alimentaire.

Plusieurs organisations ont été forcées de fermer leurs portes lorsque l’état d’urgence a été décrété. Le 18 mars, quelques dizaines de membres du Comité des organismes sociaux de Saint-Laurent (COSSL) se sont réunis une première fois en quête de solutions pour rassurer la population locale.

Une cellule de crise a été formée. «On a créé une infolettre pour tous les citoyens de Saint-Laurent. C’était vraiment de gérer toutes les informations. Parce qu’au début, on recevait les informations d’un peu partout, et c’était un peu la folie», explique la directrice du COSSL, Maria Ximena Florez.

Cet outil a notamment servi à sensibiliser les Laurentiens pour les nombreuses cliniques de dépistage qui ont été de passage dans l’arrondissement.

«On travaille sans arrêt depuis un an.» -Maria Ximena Florez

Collaboration

La cellule de crise du COSSL était aussi responsable de faire des représentations auprès des élus locaux et d’autres organismes comme Centraide et la caisse Desjardins.

Quelques chèques de 50 000$ d’urgence ont été remis aux membres de la table de concertation pour financer des projets en lien avec la pandémie. «C’était vraiment un travail concerté de tout le monde, souligne Mme Florez. C’est venu aider les organismes pour faire face à la crise.»

Ces fonds ont par exemple servi à répondre à la demande grandissante des familles qui se sont tournées vers les banques alimentaires locales. Au sommet de la crise, le Centre communautaire Bon courage (CCBC) remettait des denrées à 300 ménages, pour une moyenne de 170 par semaine.

S’assurer de répondre à l’ensemble des besoins de la population a été le principal défi de la table de concertation. Outre la sécurité alimentaire, l’encadrement des jeunes, l’itinérance et les aînés ont figuré parmi les priorités.

«C’était de s’adapter à l’urgence, mentionne la directrice, qui salue l’effort de tous ses membres. On ne savait pas à quoi s’attendre.»

Dans les dernières semaines, le COSSL a d’ailleurs planché sur nouveau plan d’action.

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