Quelque 1200 entreprises ont dû composer avec au moins un cas de COVID-19 depuis la mi-mars à Montréal, selon des données de la Santé publique obtenues par Métro. Environ le quart est considéré comme une éclosion.
Un bilan qui apporte un certain soulagement. «On ne savait pas à quoi s’attendre au départ. On a eu énormément de craintes», résume le chef médical de la santé au travail à la Direction régionale de la santé publique (DRSP), Dr Geoffroy Denis.
Ces cas ont été recensés parmi 56 000 milieux de travail, excluant entre autres les hôpitaux, qui ont été d’importants centres de contagion au plus fort de la crise sanitaire.
Ces données sont comparables à la courbe du nombre d’infections dans la population. «Si vous faites le calcul, c’est à peu près 2% des établissements, mais il faut savoir que c’est à peu près le nombre de Montréalais qui ont été touchés aussi», remarque Dr Denis.
Il attribue ces résultats à l’application des mesures sanitaires recommandées par les autorités, telles que le lavage régulier des mains, les efforts pour permettre la distanciation physique ou l’ajout de plexiglas.
«Ç’a eu un certain succès. En dehors des milieux de soins, le virus n’a pas tant circulé que ça si on compare à d’autres pays comme les États-Unis ou le Brésil, où on l’a plus échappé», ajoute le spécialiste.
Seulement quelques dizaines d’entreprises ont été forcées de fermer en raison de cas de COVID-19. «La très grande majorité du temps, ç’a été de leur propre initiative, elles n’ont pas résisté», indique Dr Denis, précisant que la très grande majorité a collaboré avec la DRSP.
La découverte d’un cas positif peut avoir un impact sur les rapports entre les employés. «Ça amène un gros débat sur ta responsabilité et tes décisions personnelles qui ont un impact sur ma propre vie», illustre le chargé de cours en ressources humaines à HEC Montréal, Jean-François Bertholet.
«Ça va amener des situations de frustration et de crise entre les employés.» -Jean-François Bertholet, chargé de cours en ressources humaines à HEC Montréal
Réagir vite
Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) salue les efforts faits dans l’ensemble des secteurs de l’économie. «Ce qui est très encourageant, c’est que ça semble avoir été détecté toujours très rapidement, parce que dans bien des cas, il y avait des bulles dans les équipes et donc les entreprises ont pu identifier très rapidement qui était susceptible d’avoir été en contact», fait savoir Michel Leblanc.
Les bars et restaurants ont quant à eux enregistré plusieurs éclosions depuis leur réouverture, cet été. En milieu industriel par contre, «ça se passe relativement bien», précise Dr Denis.
Les éclosions ont été principalement maîtrisées en fermant des départements. Dans d’autres cas, la grandeur des installations des entreprises a limité la propagation du coronavirus.
Dépenses
L’adaptation a été financièrement plus ardue pour certaines directions. «C’est clair que pour les petites entreprises, il y a eu des coûts qui n’étaient pas nécessairement très élevés, mais qui survenaient dans une période de très faibles revenus, rappelle Michel Leblanc. La question maintenant est plutôt le retour de la clientèle.»
L’enjeu s’est toutefois moins fait sentir dans les grandes chaînes, mais des défis demeurent. «Pour les manufacturiers, pour les contrats privés, c’est plus difficile. Ça affecte les entrepreneurs», souligne le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Laurent – Mont-Royal (CCSLMR), Kelvin K. Mo.
Devant la réussite de l’application des mesures sanitaires, la CCMM a entamé des démarches auprès du gouvernement pour permettre aux entreprises d’accueillir davantage de personnes.
60 000
Tous secteurs d’activités confondus, on compte environ 60 000 milieux de travail à Montréal.