L’arrondissement de Saint-Léonard a adopté lundi soir un premier projet de résolution afin d’établir une règlementation interdisant la vente, la transformation et la culture du cannabis.
« Il y a eu des demandes de nos citoyens en ce sens, explique Johanne Couture, directrice de l’aménagement urbain et des services aux entreprises à l’arrondissement. Ça rassure les gens et nous permet d’être cohérents avec notre règlementation en interdisant la consommation. »
Selon la directrice, aucune entreprise déclarée à Saint-Léonard ne serait actuellement concernée par la règlementation.
Pour André Lamoureux, chargé de cours au Département de science politique à l’UQÀM, également spécialiste des questions entourant la légalisation du cannabis, la règlementation s’inscrit dans une tendance à vouloir contrôler de façon restrictive la consommation et distribution du cannabis. « Le cannabis continue de se vendre sur le marché illégal, rappelle-t-il. Si les difficultés pour se procurer du cannabis sont multipliées, le crime organisé va en profiter et c’est le marché illégal qui sera florissant, au contraire des objectifs de la légalisation. »
À l’Université de Montréal, le professeur en psychoéducation et spécialiste en toxicomanie, Jean-Sébastien Fallu, abonde dans le même sens et doute que la mesure soit positive. « On veut trouver un équilibre entre donner un accès au produit qui soit trop facile, ou trop difficile. Plus on s’éloigne de ce point d’équilibre, plus il y aura d’effets pervers d’engendrés. » Parmi ceux-ci, il note la qualité incertaine des produits vendus sur le marché illégal, dont les ingrédients sont souvent inconnus, et la criminalité associée à ce marché.
Seule la vente à des fins médicales sera permise par l’arrondissement. Des succursales de la Société québécoise du cannabis ne pourraient ainsi y voir le jour, en raison de cette règlementation.
Bien que les deux experts remettent en doute la légalité et légitimité de ce règlement, Mme Couture assure que l’arrondissement a bel et bien fait ses devoirs. « On a vérifié le tout et demandé une opinion légale. Vu que la Ville de Montréal peut offrir des lieux de ventes et de production ailleurs sur son territoire, il n’y a pas de problème à ce que nous l’interdisions », explique-t-elle.
La mesure fera l’objet d’un second projet de résolution le 3 juin prochain, dans le but d’être adopter officiellement le 2 juillet prochain.