Kamal Chouari habite Saint-Léonard depuis 14 ans. Sa mobilité étant réduite, il affirme avoir de la difficulté à se déplacer en fauteuil électrique sur les trottoirs de l’arrondissement les jours de collecte des poubelles. Le temps d’un après-midi, Métro l’a accompagné pour constater les obstacles qui se dressent devant lui.
Mardi 17 août. C’est jour de collecte du recyclage. Kamal Chouari nous donne rendez-vous sur un trottoir situé près du complexe de la mairie de Saint-Léonard.
Après le ramassage des rebuts, il explique que celles-ci sont souvent laissées au milieu du trottoir et obstruent le passage des piétons et des personnes en fauteuil roulant.
«Je ne cherche pas à blâmer qui que ce soit, ce n’est pas le but. Parfois, cela peut arriver qu’un bac à poubelle se retrouve sur le trottoir. Mais quand de nombreux bacs se retrouvent sur le passage de façon récurrente, c’est compliqué pour les personnes comme moi qui ne peuvent pas les déplacer», explique-t-il.
Après quelques minutes de marche avec M. Chouari, nous comptons environ une dizaine de bacs à poubelles obstruant le trottoir. Autant d’obstacles qui forcent le Léonardois à descendre sur la rue, ce qui représente un risque important d’accident.
«Nous ne devrions pas attendre qu’un drame se produise pour prendre des mesures», ajoute-t-il.
Le problème ne se limiterait pas aux environs de la mairie de l’arrondissement, assure-t-il.
«Il y a le même problème sur la rue Jarry et le boulevard Langelier, et dans d’autres secteurs», dit-il, photos à l’appui.
«C’est un problème récurrent depuis quelques années à Saint-Léonard. Il ne s’agit pas que de moi, mais de toutes les personnes à limitation fonctionnelle qui ont de la difficulté à se déplacer à Montréal.»
Kamal Chouari
«On surveille», dit l’arrondissement
Contacté par la rédaction, l’arrondissement de Saint-Léonard a indiqué que des inspecteurs surveillent en permanence les contrats de collecte des entrepreneurs Derichebourg et Matrec, responsables de la collecte du recyclage et des résidus alimentaires.
Ils avisent les superviseurs des entreprises s’ils constatent des comportements inadéquats, et des pénalités aux manquements des entrepreneurs peuvent être émises selon le contrat en vigueur.
«Les bacs de recyclage et de résidus alimentaires peuvent créer des obstacles sur les voies publiques. Les citoyens doivent ramasser leur bac le plus rapidement possible après les collectes afin d’assurer un trottoir libre de tout débris.», a indiqué Laura Boily-Auclair, chargée de communication pour l’arrondissement de Saint-Léonard.
Un problème généralisé
Selon la porte-parole du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), Linda Gauthier, le problème des poubelles est bien connue des personnes à mobilité réduite. Et ce n’est pas exclusif à Saint-Léonard.
«Étant moi-même en situation de handicap, je peux vous dire que c’est malheureusement quelque chose que l’on retrouve dans beaucoup d’arrondissements montréalais. Nous avons fait des demandes à maintes reprises auprès de la Ville et des arrondissements. On se fait répondre que ce sera pris en considération, mais force est de constater que rien ne change. C’est déplorable.»
Le RAPLIQ avait également fait plusieurs demandes afin d’inclure la notion d’accessibilité universelle dans le sommaire décisionnel de l’administration centrale, ainsi que dans l’octroi de contrats aux divers sous-traitants.
«Nous avons demandé depuis plusieurs années déjà à ce que cette notion d’accessibilité universelle soit normalisée au même titre que celle du développement durable, par exemple. On attend toujours que ça se fasse», regrette Mme Gauthier.
Selon la dernière Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de Statistiques Canada réalisée en 2017, 6,4 % des personnes de 15 ans et plus au Québec auraient une incapacité motrice. Parmi celles-ci, 8 % utiliseraient des fauteuils roulants, soit près d’une personne sur 200 dans la province.