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Accessibilité: le RAPLIQ menace de poursuivre Uber et Québec

Uber RAPLIQ Linda Gauthier, présidente du RAPLIQ, craint un manque de tests à domicile pour personnes handicapées.
Linda Gauthier, présidente du RAPLIQ Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ) menace de poursuivre Uber et le gouvernement du Québec afin de forcer la multinationale à permettre aux personnes à mobilité réduite de bénéficier de son service dans la province.

Les «partenaires-chauffeurs» de la multinationale, généralement des citoyens qui utilisent leur propre véhicule pour offrir des courses via l’application mobile, sont rares à disposer d’un véhicule adapté.

Dans plusieurs villes des États-Unis ainsi qu’à Toronto, Uber a toutefois mis en place des mesures dans les dernières années afin de pouvoir offrir la possibilité aux personnes qui se déplacent à l’aide d’un fauteuil roulant électrique de commander une course dans un véhicule aménagé en conséquence. Une initiative qui tarde toutefois à voir le jour à Montréal, déplore le RAPLIQ.

«Souvent, Uber va charger moins cher que le taxi. Mais on ne peut pas bénéficier de ça pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont pas de voitures adaptées», déplore la présidente de l’organisme, Linda Gauthier, qui se déplace en fauteuil roulant électrique.

Elle souligne d’ailleurs que les déplacements en taxis sont souvent la seule solution qui se présente aux personnes à mobilité réduite qui doivent se déplacer «en urgence» alors que seulement 16 stations de métro sur 68 dans la métropole disposent d’ascenseurs et qu’il faut aussi réserver sa place 24 heures à l’avance pour utiliser le transport adapté de la Société de transport de Montréal.

Poursuites

Le RAPLIQ enverra donc jeudi une mise en demeure aux dirigeants d’Uber au Québec. Selon l’organisme, Uber cause un préjudice aux personnes en situation de handicap en offrant un service réservé uniquement aux Québécois n’ayant aucune «limitation» physique. Uber contreviendrait ainsi à la Charte des droits et libertés de la personne, argue le RAPLIQ.

«Ce qu’on voudrait demander à Uber, c’est qu’il y ait un certain pourcentage de voitures adaptées dans sa flotte québécoise», explique Mme Gauthier.

Le RAPLIQ enverra également une telle missive au ministre des Transports du Québec, François Bonnardel. L’organisme accuse celui-ci de ne pas avoir déterminé de façon précise l’obligation des entreprises de taxis d’offrir des services adaptés aux personnes à mobilité réduite dans le projet de loi 17 sur le transport rémunéré des personnes par automobile.

Cette pièce législative entrera officiellement en vigueur le 10 octobre, soit un an après son adoption à l’Assemblée nationale.

«Le ministre Bonnardel a fait la sourde oreille [aux revendications des personnes handicapées]. C’est pour ça qu’il va embarquer dans la poursuite aussi.» -Linda Gauthier, présidente du RAPLIQ

Manque d’encadrement

En mai 2019, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse avait d’ailleurs soulevé un drapeau rouge concernant ce projet de loi. Dans un mémoire, elle disait craindre que celui-ci n’entraîne un «recul» dans les droits des personnes handicapées. Elle faisait ainsi état de la possibilité que ce projet de loi ne cause une baisse de l’offre de taxis accessibles aux personnes en situation handicap et contribue par le fait même à une augmentation de la tarification pour la clientèle à mobilité réduite.

«Le projet de loi vient dire clairement que personne n’a d’obligations. C’est la même règle pour tout le monde: il n’y a pas de règles [en matière d’accessibilité universelle]», déplore le directeur du Regroupement des organismes de personnes handicapées dans la région de la Capitale-Nationale, Olivier Collomb d’Eyrames.

Pas de commentaires

Au cabinet du ministre Bonnardel, on souligne que l’on analyse actuellement les différentes recommandations émises dans le cadre de l’appel aux mémoires sur ce projet de loi, qui a pris fin lundi.

«Nous ne commentons pas des menaces de poursuite», ajoute son directeur des communications, Sébastien Lépine.

La multinationale Uber se montre pour sa part ouverte à ajuster son offre de service afin de répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite. «La disponibilité des véhicules adaptés demeure une question importante pour toutes les parties prenantes de l’industrie du transport rémunéré de personnes», souligne néanmoins l’entreprise par courriel, avant d’ajouter qu’elle souhaite «collaborer avec les fournisseurs existants et les autres membres de l’industrie afin d’améliorer l’accessibilité de ces services».

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