Les centres d’éducation populaire n’ont pas l’intention de baisser les bras devant l’avis d’expulsion de la commission scolaire de Montréal. Une manifestation se tiendra jeudi le 12 mars à 10h30 en face des bureaux de Montréal du premier ministre Philippe Couillard pour interpeler le gouvernement.
La malchance s’acharne sur les centres d’éducation populaire. À un peu plus de deux mois de leur expulsion, voilà que leur dossier de financement est de retour au point de départ. L’arrivée d’un nouveau ministre de l’Éducation pourrait bien mettre en péril la survie de ces organismes.
Des six centres d’éducation populaire à Montréal, le Sud-Ouest en compte deux: le Carrefour de Pointe-St-Charles et le Comité d’éducation aux adultes de la Petite-Bourgogne et de St-Henri (CÉDA). Des ressources essentielles pour les personnes défavorisées et exclues, tout comme pour les nouveaux arrivants. Selon le coordonnateur Donald Nolet
s’il n’y a plus de Carrefour, on leur enlève un milieu où socialiser et on les empêche de trouver l’aide nécessaire pour se sortir de leur misère».
Les centres ont fait les frais des coupures dans les budgets de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Le 31 mai prochain, ils devront quitter les bâtiments que veut récupérer la CSDM.
Les centres d’éducation populaire demandent donc à ce que Québec compense les 85 000$ annuels nécessaires. Sans ces sommes, impossible de couvrir les coûts de fonctionnement, la location des locaux, l’électricité et les activités. «On ne veut pas plus, on veut juste maintenir le budget», précise monsieur Nolet. Le reste du financement est assuré par des subventions et par Centraide.
Jamais deux sans trois
Sous le gouvernement péquiste, la ministre de l’Éducation de l’époque, Marie Malavoy, s’était engagée à régler le dossier. Il y avait même eu entente un mois avant le déclenchement précipité des élections.
Avec le changement de gouvernement, les responsables des centres d’éducation populaire ont dû reprendre tout le processus du début. En décembre, ils avaient réussi à rencontrer le ministre Yves Bolduc. Les centres avaient alors obtenu une promesse de financement temporaire régressif sur 3 ans.
«Une solution qui ne faisait pas notre affaire, mais qui permettait tout de même de rester en place à court terme et de trouver des solutions pour assurer notre pérennité» précise Donald Nolet. Un décret devait être déposé en début d’année 2015. Ce qui n’a évidemment pas été fait à cause de la démission de monsieur Bolduc.
«C’est la deuxième fois qu’on est sur le bord d’une signature mais que ça nous échappe» lance avec une pointe de découragement monsieur Nolet. Aucune rencontre n’est prévue avec le nouveau ministre de l’Éducation, François Blais. Son cabinet a fait savoir qu’il devait d’abord prendre connaissance de ses dossiers.
Cri du cœur
Les centres d’éducation populaire offrent des services qui ne se retrouvent pas ailleurs selon Donald Nolet.
Comme il n’existe pas vraiment d’alternative, si on disparaît, ce sont plus de 7000 familles dont 700 particulièrement à Pointe-Saint-Charles, qui seront privées du droit à l’éducation. Cela aura des conséquences sociales et économiques très graves.»
Le Carrefour de Pointe-Saint-Charles a notamment soutenu une dame qui a été une proche aidante durant plus de 40 ans pour son mari atteint de schizophrénie. Monsieur Nolet affirme que leur travail a pu éviter des coûts entres autres d’hébergement pour le malade. «Notre travail est principalement de prévention. Ce qu’on fait sauver au gouvernement ne se voit évidemment pas dans leurs calculs».
Les centres d’éducation populaire lancent donc la campagne «J’ai le droit d’apprendre…» pour sensibiliser la population et les élus. Un crayon pour signer une nouvelle entente sera d’ailleurs remis à Philippe Couillard et à François Blais jeudi matin.