L’artiste montréalaise Jeanie Riddle offre jusqu’au 7 mai sa plus récente exposition, PLIER / FOLD, une série de 21 œuvres surprenantes alliant de nombreuses disciplines artistiques et vibrantes par leurs références autobiographiques à la vie courante.
Rencontrée dans la galerie Antoine Ertaskiran, à deux pas de la rue Notre-Dame dans le Sud-Ouest, Jeanie Riddle est fébrile. Le montage est presque terminé, il ne reste que les dernières touches à apposer ici et là.
L’endroit est éclairé par les rayons du soleil qui tombent tantôt sur une immense photographie accrochée au mur, tantôt sur une chaise de bois disposée au milieu de la pièce, quelques toiles pliées dessus. Elles y resteront, c’est leur place, comme des témoins de la vie domestique quotidienne.
La peinture, c’est le matériau de base de Madame Riddle. Pourtant, arrivée à Cité internationale des Arts de Paris, où elle y a travaillé en résidence pendant 4 mois en 2014, elle découvre de l’argile laissée par l’artiste ayant utilisé précédemment son studio.
«J’avais pensé y faire du dessin, mais l’argile était là, j’ai décidé de l’essayer, raconte-t-elle, avec un clin d’œil. Je n’aime pas faire de gaspillage».
Si le matériau était nouveau pour elle, Jeanie Riddle avait déjà expérimenté le pliage avec la peinture sur toile. Elle a donc transféré le concept à l’argile, qu’elle a ensuite recouverte de couleurs vibrantes.
De Paris à Montréal
Le projet s’est mis en branle à Paris, avec l’aide de sa fille qui s’est offerte pour l’assister. La conception finale des œuvres s’est poursuivie à Montréal, en partie avec la collaboration du photographe Matthew Brooks.
Les clichés laissent percevoir les couleurs riches des morceaux d’argile soigneusement pliés, apposés sur des dessins et des mots écrits à la main, comme des slogans motivateurs. Ceux-ci sont repris dans un poème récité par sa fille dans une vidéo présentée dans une salle adjacente.
D’autres petites pièces d’argile peintes trônent sur une tablette où elles y sont déposées.
«Je suis quelqu’un qui a vécu beaucoup de douleur, confie-t-elle. J’utilise mon œuvre pour trouver des réponses à la vie, comprendre ma position dans le monde qui m’entoure.»
«L’aspect formel et les couleurs sont la traduction de mon langage personnel, explique-t-elle, en parcourant la galerie où la plupart de ses pièces sont déjà au mur. Avec le dessin, il y a un exercice de surface, tandis que pour la peinture, il y a tout un travail de profondeur, de couches.»
Mais, spécialiste de la peinture, elle offre cette fois-ci un éventail créatif beaucoup plus large. «Cette exposition est vraiment différente, relève l’artiste, fière de son coup. Ceux qui me connaissent vont être surpris.»
Elle-même rayonne dans le décor blanc constellé des taches de couleurs vives de son œuvre. «Je suis dans un contexte de paix, en ayant la chance d’exposer dans une galerie comme celle-ci.»
L’exposition PLIER / FOLD, de Jeanie Riddle, sera présentée jusqu’au 7 mai à la galerie Antoine Ertaskiran.