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Syrie: plus de 400 000 personnes déplacées en trois mois

Des Casques blancs de la Défense civile syrienne au sein de ruines

Des Casques blancs de la Défense civile syrienne fouillent les décombres d'un bombardement à la recherche de victimes potentielles, le 25 juin.

Rédaction - Agence France-Presse

Plus de 400 000 personnes ont été déplacées en trois mois de guerre et de bombardements du régime syrien et de ses alliés contre une région dominée par les djihadistes dans le nord-ouest de la Syrie, l’ONU dénonçant «l’indifférence» de la communauté internationale face à cette escalade.

Depuis fin avril, le pouvoir de Bachar al-Assad et son allié russe pilonnent quasi-quotidiennement la province d’Idleb et des zones adjacentes dans les régions d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

Les frappes aériennes et les tirs d’artillerie ont coûté la vie à environ 740 civils en trois mois, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Des dizaines d’écoles et d’hôpitaux ont été détruits, d’après l’ONU.

La province d’Idleb, qui accueille quelque trois millions d’habitants, est dominée par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). D’autres factions rebelles et jihadistes y sont présentes.

Avec les violences, «plus de 400 000 personnes ont été déplacées depuis fin avril», a indiqué à l’AFP un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), David Swanson.

«Des villes et des villages entiers ont été apparemment vidés de leurs habitants qui ont fui», a souligné Ocha dans un rapport.

Les déplacés quittent surtout le sud de la province d’Idleb et le nord de la province de Hama. «Les camps de déplacés sont surpeuplés, et beaucoup de gens sont obligés de s’installer en plein air», a précisé l’agence onusienne. «Environ deux tiers des déplacés se trouvent à l’extérieur des camps».

Vendredi encore, des frappes aériennes du régime ont visé plusieurs secteurs d’Idleb, faisant trois morts selon l’OSDH.

Dans la localité de Saraqeb, déjà touchée par des bombardements en début de semaine, un photographe de l’AFP a pu voir vendredi des véhicules aux vitres explosées et des tomates renversées au sol sur un marché agricole.

«C’est l’un des grands points de rencontre dans la ville», a déploré le secouriste Layth al-Abdallah, dénonçant «la barbarie de l’aviation» du régime «qui tue les civils et détruit leurs propriétés».

«Indifférence»

La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet a dénoncé «l’indifférence» de la communauté internationale face aux civils tués dans les bombardements.

«Les frappes aériennes tuent et mutilent un nombre considérable de civils plusieurs fois par semaine, ce qui semble valoir un simple haussement d’épaules général», a souligné la responsable onusienne.

Elle a confirmé que les bombardements visaient des établissements de santé, des écoles et d’autres infrastructures civiles comme les marchés et les boulangeries. «Ce sont des objectifs civils et il semble très peu probable, vu la fréquence et l’acharnement de ces attaques, qu’ils soient tous touchés par accident».

Le drame en images

Venant illustrer le drame quotidien qui se joue à Idleb, une photo circule sur les réseaux sociaux: celle de deux fillettes, prises au piège de leur immeuble effondré après un raid aérien, qui tiennent à bout de bras leur petite soeur, suspendue à plusieurs mètres du sol.

Sur la photo, Riham, cinq ans, retient Touka, sept mois, par son tee-shirt déchiré, tandis que Dalia, à côté, semble coincée sous un bloc de béton.

Capturée par le photographe Bachar el-Sheikh, du média local en ligne SY24, cette scène s’est déroulée mercredi dans la ville d’Ariha.

Riham est décédée peu après la prise de cette photo, tandis que Touka et Dalia ont été hospitalisées.

«Les attaques intentionnelles contre les civils constituent des crimes de guerre et ceux qui les ont ordonnées ou perpétrées sont pénalement responsables de leurs actes», a rappelé Mme Bachelet.

Avec l’escalade de violence depuis la fin avril, l’ONU a recensé 39 incidents impliquant des établissements de santé ou le personnel médical, tandis que 50 écoles ont été endommagées par les bombardements, selon Ocha.

Conflit diplomatique

Les violences interviennent malgré un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie voisine, qui soutient certains groupes rebelles, visant à éviter à Idleb une offensive d’envergure des prorégime.

Près de la moitié des trois millions d’habitants d’Idleb et de sa région sont déjà des déplacés qui avaient fui les combats dans d’autres zones de la Syrie en guerre ou ont refusé de rester dans des localités rebelles reconquises par le régime.

Avec le soutien crucial de Moscou, le pouvoir a reconquis près des deux-tiers du pays. Mais de vastes pans de territoires dans l’est et le nord-est lui échappent toujours et restent aux mains de forces kurdes soutenues par Washington.

Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre a fait plus de 370 000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.

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