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Coronavirus: ravages en Espagne, les États-Unis tardivement mobilisés

Coronavirus: ravages en Espagne, les États-Unis tardivement mobilisés

Personnel soignant à Chicago pendant l'épidémie de coronavirus

Rédaction - Agence France-Presse

La pandémie de coronavirus continue ses ravages sur une planète pourtant largement confinée: l’Espagne a battu mardi son triste record de morts journalier, et les États-Unis sonnent la mobilisation générale.

Le bilan de l’épidémie s’est de nouveau alourdi mardi, avec plus de 38 400 morts dans le monde, le cap des 11 000 morts franchi en Italie, celui des 3000 dépassé aux États-Unis, et 849 nouveaux décès enregistrés en 24 heures en Espagne.

Deuxième pays le plus endeuillé au monde avec 8189 décès, l’Espagne a interdit les cérémonies funéraires, limitant à trois le nombre de participants à un enterrement.

La grande crainte des autorités espagnoles reste de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités avec un personnel qui se plaint amèrement du manque d’équipements de protection.

Partout où sévit la maladie, on guette fébrilement le pic du taux de mortalité, annonciateur d’un reflux et d’un désengorgement des services de réanimation.

En Italie, pays qui enregistre le plus grand nombre de décès, le confinement commence à produire des résultats encourageants, après trois semaines.

«Nous pouvons espérer atteindre le pic dans sept ou dix jours, puis, raisonnablement, une décrue de la contagion», a déclaré le vice-ministre de la Santé, Pierpaolo Sileri. Pour autant, les 60 millions d’Italiens devront patienter «au moins jusqu’à Pâques», le 12 avril, date jusqu’à laquelle le confinement a été prolongé.

Le pays a observé mardi midi une minute de silence et mis le drapeau tricolore en berne en «souvenir des victimes du coronavirus» et en hommage aux professionnels de santé.

Sur la place du Capitole à Rome, la maire Virginia Raggi, qui arborait une écharpe tricolore sur un manteau noir, a évoqué «une blessure qui touche le pays tout entier». «Ensemble, nous nous en sortirons», a-t-elle promis.

Plus grand nombre des cas de coronavirus aux États-Unis

Aux États-Unis, qui recensent de loin le plus grand nombre de cas officiellement confirmés (164 610), c’est la mobilisation générale: près des trois-quart des Américains vivent désormais confinés, d’une manière plus ou moins stricte.

Un navire-hôpital de 1000 lits est arrivé à New York, épicentre de l’épidémie. Des hôpitaux provisoires ont aussi été érigés dans un centre de conférences ou sous des tentes montées en plein Central Park.

Des médecins new-yorkais s’inquiètent d’une possible pénurie en respirateurs artificiels. «S’il y a un afflux et que vous n’avez qu’un nombre limité de respirateurs, vous ne pouvez pas ventiler tout le monde», redoute Shamit Patel, 46 ans. «Et à partir de là, vous devez choisir».

L’inquiétude grandit aussi dans le Maryland, au nord de la capitale fédérale Washington: 67 pensionnaires d’une maison de retraite y ont été testés positifs, et le gouverneur de l’État, Larry Hogan, a évoqué «un scénario du pire».

Pour protéger sa population, son homologue de Floride refuse pour l’heure de laisser débarquer un paquebot, le Zaandam, qui se trouve en mer des Caraïbes avec plus d’un millier de passagers — ainsi que quatre morts et des dizaines de malades.

Les ministres des Finances du G20 doivent se réunir mardi par visio-conférence pour apporter une réponse à cette crise mondiale, qui met les ressources des États sous tension.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu mardi que les mesures d’urgence prises par les États membres dans la lutte contre le coronavirus «doivent être limitées à ce qui est nécessaire» et être «strictement proportionnées», au lendemain d’un vote en Hongrie attribuant à Viktor Orban des pouvoirs supplémentaires.

En France, où plus de 3000 personnes ont succombé au virus à l’hôpital, dont un pic de 418 en 24 heures, les soignants sont au bout du rouleau.

«Ce matin, en me réveillant, je pleure. En déjeunant, je pleure. En me préparant, je pleure (…) Là, dans les vestiaires de l’hôpital, je sèche mes larmes. J’inspire. J’expire. Les gens dans les lits pleurent aussi et c’est à moi qu’il incombe de sécher leurs larmes», témoignait sur Facebook, Elise, infirmière à Besançon (est).

Applaudis tous les soirs aux fenêtres, certains soignants ont témoigné des pressions dont ils font l’objet. «Les gens s’écartent quand ils me croisent», confie Negete Bensaïd, infirmière à Paris.

Confinement mondial

Région la plus touchée par la pandémie, l’Europe a toutefois affiché sa solidarité, en livrant du matériel médical à l’Iran, dans le cadre du mécanisme de troc Instex permettant de contourner les sanctions américaines. L’Iran est durement frappée par le coronavirus, qui y a fait 2898 morts.

Plus de 3,6 milliards de personnes, soit 46,5% de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles.

En Russie, Vladimir Poutine a appelé les quelque 12,5 millions de Moscovites à «prendre au sérieux» le confinement, étendu mardi à des dizaines de régions. Le centre-ville de la capitale russe était quasi déserté lundi par les piétons, mais dans d’autres quartiers, des passants déambulaient.

«Si on reste à la maison avec nos parents, on va mourir beaucoup plus vite que du coronavirus», ont dit à l’AFP trois jeunes.

L’Indonésie a déclaré mardi l’état d’urgence mais pas de confinement généralisé, malgré les appels pressants dans ce pays qui compte la quatrième plus grande population au monde et où les cas d’infections se multiplient.

À l’inverse, Lagos, la capitale économique du Nigeria d’ordinaire bouillonnante, s’est réveillée mardi matin sous confinement, avec des rues désertes et un silence assourdissant, à l’heure où l’Afrique intensifie ses efforts pour enrayer la propagation du coronavirus.

Un pari aussi ambitieux que risqué dans le pays le plus peuplé d’Afrique, mais qui semblait appliqué à la lettre dans une grande partie de la tentaculaire mégalopole de 20 millions d’habitants.

Mais dans les régions les plus pauvres, l’application des restrictions vire parfois au casse-tête.

«On s’en fout de ce virus, on a des enfants et des petits-enfants à nourrir!», s’indigne une vieille femme qui fait la queue pour obtenir les aides sociales dans un township de Port Elizabeth (Afrique du sud).

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