Les parlementaires haïtiens ont choisi le président du Sénat, Jocelerme Privert, pour agir à titre de président intérimaire d’Haïti et possiblement pour apaiser les tensions qui ont mené à la suspension des élections et plongé le pays dans une nouvelle crise politique.
Aux petites heures, dimanche, Jocelerme Privert, 62 ans, a été élu, puis officiellement assermenté en après-midi devant politiciens et diplomates.
Le politicien de longue date était l’un des trois candidats à briguer la fonction de président par intérim pour une période de 120 jours. Le premier ministre Evans Paul demeure en poste pour l’instant, mais M. Privert et les députés devraient lui choisir un successeur dans les prochains jours.
Durant un discours aux députés avant le vote final, Jocelerme Privert a promis que, s’il était choisi, il dirigerait une administration provisoire qui insufflerait de la “confiance à tous les secteurs de la société”, assurerait la stabilité et verrait à ce que le cycle électoral soit complété “le plus tôt possible”.
Il a remis sa lettre de démission au Sénat.
Un premier vote avait donné à M. Privert seulement deux voix d’avance sur Edgard Leblanc, un ancien président du Sénat qui était appuyé par le parti du président sortant, Michel Martelly. Après des négociations à huis clos, toutefois, M. Privert a été élu à 3 h du matin, après une seconde ronde de vote qui lui a donné une majorité claire.
Ce scrutin a été rendu nécessaire après le report du second tour de l’élection présidentielle, en raison des contestations de l’opposition et de violentes manifestations. La population soupçonne qu’il y a eu des fraudes électorales en faveur du candidat favori de Michel Martelly au premier tour du scrutin. Le président, qui ne pouvait briguer un nouveau mandat en vertu de la Constitution, a quitté son poste il y a une semaine, sans successeur.
Moins de 24 heures avant que M. Martelly ne quitte ses fonctions, les leaders haïtiens ont réussi à finaliser un accord pour un gouvernement de transition et un échéancier afin de tenir le second tour des élections présidentielle et législatives. En tant que chef du Sénat, M. Privert était très impliqué dans ces travaux.
En 2004, au début du dernier gouvernement provisoire d’Haïti, M. Privert avait été emprisonné durant deux ans. Les accusations contre lui, qui ont éventuellement été rejetées, soutenaient qu’il avait orchestré un massacre d’opposants au président Jean-Bertrand Aristide, avant la rébellion armée qui a chassé M. Aristide du pouvoir. M. Privert a toujours soutenu qu’il était un prisonnier politique et qu’il n’avait pas été impliqué dans ces meurtres.