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Ottawa consulte la communauté haïtienne sur la crise en Haïti

Mélanie Joly et Emmanuel Dubourg animent une discussion avec des leaders communautaires haïtiens. Photo: Jean Numa Goudou/ Métro Média

Une rencontre entre la communauté haïtienne et la ministre des Affaires étrangères – et également députée d’Ahuntsic-Cartierville – Mélanie Joly s’est terminée sur une demande de propositions de la part de la part de la minstre Joly à la communauté, jeudi. Mme Joly consultait une quarantaine de leaders sur la crise sécuritaire et politique en Haïti et entendait les informer, du même souffle, de ce que fait Ottawa pour aider le peuple haïtien.

La chancelière canadienne n’a pipé mot à sa sortie de la réunion tenue au Centre Lassalien, dans Saint-Michel. C’est le député de Bourassa, Emmanuel Dubourg, d’origine haïtienne, qui a glissé quelques mots à Métro.

«Nous avons voulu entretenir la communauté sur les sanctions contre les oligarques, la crise humanitaire, la situation politique et surtout la sécurité, un dossier que le Canada porte», a dit M. Dubourg. Il a annoncé l’envoi, très bientôt, de nouveaux blindés, d’armes et d’équipements technologiques à la Police nationale haïtienne (PNH) dans le but de combattre les bandes armées.

On n’écarte pas non plus de mener des opérations policières sur le terrain avec la GRC.

Emmanuel Dubourg, député de Bourassa.

Ottawa souhaite aider la PNH à assainir ses rangs à travers un programme de vérification des antécédents de ses agents et mettre sur pied un système d’assurance pour les policiers qui prennent des risques dans l’exercice de leur métier.

L’idée qui fâche la communauté

Pour ce faire, le Canada, qui prévoit un budget de 20 millions, avait l’intention d’établir un bureau de coordination de ses opérations en République dominicaine. Santo Domingo a d’ailleurs refusé à la suite de multiples tentatives de convaincre le président dominicain, Luis Abinader.

En raison de contentieux historiques entre Haïti et la République dominicaine, plusieurs Montréalais d’origine haïtienne ont exprimé leur déception à Mélanie Joly.

«Ils ont rejeté l’idée après coup et surtout d’ailleurs parce que la République dominicaine n’a pas accepté. C’est la preuve que la solution n’a pas été pensée avec les Haïtiens. On vient ici, dans cette rencontre, chercher un certain vernis haïtien», a pesté le porte-parole de Debout pour la dignité, Wilner Cayo.

Son groupe de pression a déjà manifesté à quatre occasions devant le bureau de député de Justin Trudeau, à Montréal. Pour le pasteur Cayo, Ottawa n’en fait pas assez et ne semble pas accorder assez d’importance à ce dossier.

Le Canada ne peut pas nous dire qu’il est sérieux en Haïti, c’est de la petite bière devant la Syrie ou l’Ukraine. Je doute du sérieux du Canada dans le dossier haïtien, je ne connais pas les intérêts géopolitiques et stratégiques du Canada, mais moi je suis déçu.

Wilner Cayo, porte-parole de Debout pouur la dignité

«Je ne sens pas l’urgence d’agir même si je vois une volonté», croit pour sa part un leader communautaire à Montréal-Nord, Roger Petit-Frère, qui a pris part à la rencontre. La rencontre qui a duré plus de deux heures s’est terminée sans que les participants puissent s’entendre sur une approche à adopter face à la crise.

«Les positions sont très différentes, on a écouté la variété de points de vue des Haïtiens et on n’est pas loin de la réalité haïtienne du moment. La ministre Joly leur a dit: faites-moi des propositions», a indiqué le député Dubourg.

Parallèlement à cette réunion, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunissait sur la crise sécuritaire en Haïti et la nécessité d’envoyer une «force robuste» pour aider la PNH. Si plusieurs pays comme la France, le Brésil, l’Équateur, le Rwanda, la Barbade et la Jamaïque sont prêts à contribuer, la Russie et la Chine ayant droit de véto pourrait bloquer l’adoption de la Résolution.

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