Société

On ne peut plus rien dire ou La tyrannie des wacks

Chronique | «On ne peut plus rien faire, ni rien dire!»

La semaine passée, dans ce même journal, j’ai osé donner mon opinion quant au fait qu’on ne devrait plus se déguiser en Autochtone pour l’Halloween, ni en aucune autre culture d’ailleurs. 

À voir le nombre faramineux d’insultes, de menaces et de moqueries reçues, je ne peux qu’être d’accord avec mes détracteurs qui se plaignent qu’on est tous muselés et qu’on vit dans une société où notre liberté est contrainte par de multiples omertas qui ne peuvent être défiées sans crainte de représailles sévères… et ce, encore moins dans une chronique d’opinion qui vise justement à me permettre de m’exprimer!

«Si t’es pas content, retourne dans ton pays!»

Clairement, la personne n’avait pas compris que j’étais Abenaki, car, au mieux, c’est absurde, au pire, c’est complètement idiot… Dans quel pays veux-tu que je retourne mon chum? Suivant cette logique, si t’es pas content que je te demande de ne pas te déguiser «en Indien», tu peux toujours retourner en France, en Angleterre ou en Irlande tant qu’à y être…?

«Après Noël, les wokes essaient maintenant de faire canceller l’Halloween!»

Considérant que mon employeur a reçu des plaintes demandant mon renvoi immédiat pour mes propos jugés «haineux», c’est à se demander qui essaie de canceller qui… (N’ayez crainte, j’ai toujours mon emploi, car se porter à la défense des personnes marginalisées et racisées ne constitue pas un discours problématique… Qui l’eût cru?…)

Et pour ceux qui pensent que de me faire traiter de woke est pour moi une insulte, permettez-moi de vous décevoir. Je suis un fier woke, anciennement Social Justice Warrior (Guerrier de la justice sociale), et ce, depuis plus de 10 ans. Le terme woke, qui réfère à la notion d’être réveillé (awake), désigne les personnes qui se battent pour une société plus juste. Pas surprenant que ceux qui se disent fièrement anti-woke préfèrent être endormis quand on entend leurs revendications tout droit sorties des années 30… 

«Je me déguiserai ben en ce que je veux! Tu viendras pas brimer ma liberté!»

Si ton Halloween (et ta liberté) tiennent au fait de pouvoir t’approprier un costume culturel sans égard pour les personnes historiquement opprimées que tu insultes en le faisant, permets-moi de te classer dans le groupe auquel tu sembles fier d’appartenir: les wacks.

La tyrannie des wacks (ceux qui s’opposent aux wokes) doit cesser.

Les dommages que font à la société ces suiveux de Richard Martineau qui envahissent les médias sociaux et tentent de nous faire taire et de nous censurer en revendiquant, comble de l’ironie, la liberté d’expression, ces wacks qui tètent au sein de Mathieu Bock-Côté en buvant les paroles de leur gourou jusqu’en France, alors même qu’il s’y fait ridiculiser pour ses propos et acclamer par l’extrême droite du pays, sont irréparables… Un excellent exemple à ne pas suivre si vous voulez mon avis et pas des gens à qui je voudrais être associé.

Mais comment identifier ces dangereux wacks qui rôdent au sein de votre entourage, me demanderez-vous? Voici quelques exemples de signes auxquels vous devriez porter attention:

1 – Votre ami.e cite Joseph Facal, Mario Dumont, Denise Bombardier ou Sophie Durocher, comme s’il s’agissait de grands «philosophes du gros bon sens», pour appuyer ses opinions tirées tout droit de n’importe quel coin sombre de la section des commentaires du Journal de Montréal.

2 – Votre père, sans qu’on le lui ait demandé, clame autour de la table du souper qu’on «ne peut rien dire ou faire» et que «c’était bien mieux dans son temps» parce qu’un débat sur les limites de la liberté académique se passe dans une université où il n’a jamais mis les pieds.

3 – Votre collègue de travail s’efforce de dire le mot en N le plus souvent possible en argumentant qu’iel a le droit de le dire «si ce n’est pas utilisé comme une insulte» et parce que «Dany Laferrière a dit que c’était correct».

4 – Votre sœur défend aveuglément la CAQ et ses lois transphobes, islamophobes et racistes, imposées sous bâillon, parce que «de toute façon, le racisme systémique, ça n’existe pas».

Si vous reconnaissez quelqu’un de votre entourage (ou vous-même) parmi ces exemples, force est de constater qu’iel est atteint.e de wackisme. Une bonne dose de conscience sociale, d’empathie, d’ouverture d’esprit et une petite leçon d’histoire sont probablement à prescrire, mais malheureusement les résultats ne sont pas garantis… On lui souhaite malgré tout un prompt rétablissement (si sa condition n’est pas chronique)…

Sur ce,

Wli nanawalmezi! (Portez-vous bien!)

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