Avec sa publicité controversée, la Coalition avenir Québec (CAQ) souhaite conscientiser la population au déclin du français en comparant la langue au faucon pèlerin. Si le gouvernement caquiste y sous-entend que c’est la surabondance de l’anglais et des anglicismes dans notre parler qui dénature le français, les politiciens font de bien piètres «role models» à cet égard.
Pour le ministre de la Santé Christian Dubé, par exemple, la création de l’agence Santé Québec – qui devra améliorer l’efficacité du réseau de la santé – va faire en sorte que «les colonnes du temple vont shaker». Quel temple, M. Dubé? Celui de la survie de la langue française en Amérique du Nord? Au moins, on pourra compter sur un héros à la Tom Cruise pour nous soutenir dans l’ère de l’impérialisme shakespearien puisque le ministre cherche aussi des «top guns» pour gérer l’agence Santé Québec.
À Montréal, nos politicians locaux utilisent aussi parfois des formules qui feraient sourire Lord Durham. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, annonçait lundi que si les propriétaires affichaient leurs numéros de certification d’hébergement touristique sur les plateformes comme Airbnb, la «job» de la Ville serait facilitée «by the way». Les moliéresques «travail» et «en passant» ont dû se perdre en chemin.
Les anglicismes pullulent
Si ces cas d’usage de locutions carrément anglaises par nos politiciens sont marquants, le problème plus insidieux des anglicismes est davantage répandu.
Tout juste ce matin, le premier ministre du Québec, François Legault, disait que «le tramway de Québec, on va continuer de le supporter». Les francophiles et ceux qui reconnaissent l’italique l’auront remarqué, le mot «supporter», dans ce contexte, détonne. Il s’agit d’un anglicisme qui aurait pu être remplacé par «soutenir». Dans le même point de presse, il lançait aussi qu’«on le sait, le logement, le grand défi, le problème qu’on a, ce sont les délais». L’Académie française aurait certainement préféré que l’on parle de «retards».
Si ces exemples semblent relever du pinaillage, ils sont plutôt la norme si l’on se fie à une étude réalisée en 2016 qui dévoile que «tous les discours lus à l’Assemblée nationale par des politiques contiennent au moins un anglicisme détecté par Antidote».