Les femmes quittent la technologie pour plusieurs raisons sur lesquelles les gens ne s’entendent pas. Mais les faits sont là: elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes à quitter l’industrie. Il existe pourtant des actions concrètes pour favoriser leur présence. Voici quatre conseils.
Un article du Harvard Business Review (HBR) paru le mois dernier présente les conclusions d’une étude menée auprès de 34 ingénieures au Royaume-Uni.
1. Aider à développer des compétences non-techniques
Les compétences techniques sont acquises à l’école, mais pas la confiance en soi. Elle se développe et se cultive au fur et à mesure des expériences. Les ingénieures interviewées ont souligné l’importance de se voir confier des responsabilités par leur supérieurs hiérarchique qu’elles pensaient, au départ, irréalisables.
Angelika explique: «Quand on m’a donné ce défi, je ne savais vraiment pas comment le réaliser. Mon gestionnaire m’a juste dit: « Angie, vas-y et profite-en. Tu ne peux rien faire de mal. » Alors, je l’ai fait et j’ai réalisé que je pouvais le faire. Cela a développé ma confiance en moi et je pense désormais que je peux faire du travail de haut niveau.»
Ce nouveau sentiment de confiance est une expérience cruciale qui a changé sa perspective sur son avenir professionnel: elle est désormais capable de se projeter à des postes à haute responsabilité.
L’étude de HBR suggère que nous sommes façonnés par les expériences sociales sur notre lieu de travail. Avoir confiance en son potentiel développe donc chez l’employée l’envie de rester et de gravir les échelons. Cela lui permet également de développer son réseau social au sein de l’entreprise et de s’ancrer dans sa communauté d’ingénieurs.
2. Officialiser les critiques constructives
Une des raisons pour lesquelles il y a si peu de femmes en technologie est la croyance qu’elles ne sont pas faites pour ce travail et qu’elles n’ont pas les habiletés requises. Les femmes qui décident tout de même de se lancer dans la profession peuvent donc douter de leurs capacités.
Lorsqu’on leur fait part de critiques constructives, on les aide à surmonter ces incertitudes. Expliquer les forces et les faiblesses de leur performance, reconnaître ce qu’elles font de bien et leur offrir des conseils pour s’améliorer peut sembler évident. Ça l’est. Cependant, selon l’étude, ces critiques sont souvent données de façon aléatoire au lieu de faire officiellement partie du processus d’évaluation de l’employée.
Donner des pistes d’amélioration à une ingénieure l’encourage à relever de nouveaux défis, lui donne confiance en elle et lui permet, encore une fois, de persévérer.
3. Développer un micro-environnement inclusif
Pour beaucoup de femmes, leur capacité à rester dans une entreprise est liée à l’entraide reçue dans son groupe de travail.
Amélie a vécu une situation de harcèlement avec un client. Un de ses collègues l’a soutenue lorsqu’elle a décidé de porter plainte. La femme explique que si son collègue ne l’avait pas soutenue, elle aurait probablement fini par quitter l’organisation. L’employée s’est sentie valorisée malgré cette expérience négative.
On ne peut pas changer la culture toxique de la technologie en quelques années, mais on peut offrir du soutien émotionnel à une collègue, qui se sentira alors bien entourée. Sa perception de l’organisation deviendra positive.
4. Démontrer la possibilité d’un équilibre famille-travail
En 2018, la charge de la vie familiale incombe encore en majorité aux femmes. Celles interviewées, lors de l’étude, ont dit craindre la conciliation vie privée/vie professionnelle.
En plaçant à des postes élevés des femmes compétentes avec enfants, on démontre à la relève que l’équilibre est atteignable. A contrario, les femmes interviewées qui n’ont pas de modèle s’interrogent sur leur capacité à rester dans la profession. Elles ne sont pas sûres de ce qu’elles feraient si elles décidaient d’avoir des enfants.
Cette solidarité a permis de changer les perceptions de ces femmes quant à leurs compétences, leur potentiel de leadership, leur sentiment d’appartenance et leur capacité à combiner le travail et la famille. Elles peuvent se projeter dans l’industrie.
Si vous avez une position d’influence, sachez que ces conseils ont eu un impact positif sur la rétention des ingénieures dans l’organisation et sur leur persévérance dans la profession.