Laurence Dumont, Sofia El Mouderrib et Audrey Murray sont trois jeunes femmes qui ont étudié en psychologie et neuropsychologie et qui ont décidé en janvier 2017 de cofonder nev, une entreprise qui utilise la neuroscience dans le monde du travail.
Les trois cofondatrices se sont rencontrées dans un laboratoire de recherche à l’Université de Montréal, lors d’un cours sur la psychologie du travail. Elles se sont vite rendues compte que les connaissances qu’elles emmagasinaient sur le fonctionnement du cerveau au niveau cellulaire pouvaient expliquer les comportements des gens dans les entreprises.
«Rapidement, on a compris qu’il fallait faire quelque chose avec ça: expliquer aux travailleurs comment bien utiliser leur outil de travail principal, leur cerveau, pour avoir une productivité saine», explique Audrey Murray.
Elles ont décidé de mettre sur pied une entreprise de services aux entreprises. Elles aident les entreprises à mieux gérer leurs employés.
Les trois jeunes femmes sont passées par le centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM, où elles ont remporté la troisième place du concours InnovInc en 2017. Cette expérience leur a permis de comprendre comment passer d’une idée à une entreprise viable.
«Nos services sont fondés sur les avancées les plus récentes en neurosciences, en neuropsychologie, en psychologie organisationnelle et en sciences de la gestion», raconte Sofia El Mouderrib. C’est important pour les cofondatrices que leur entreprise soit basée sur des recherches scientifiques solides. «On s’assure toujours de vérifier nos faits et nos conclusions», elle continue.
Comment applique-t-on des concepts de neuroscience dans le monde du travail? Voici quelques exemples.
Une entreprise vit une période de transformation numérique, comme l’implantation d’un nouveau logiciel. Les jeunes femmes peuvent optimiser le processus en allant expliquer comment le cerveau des employés va réagir face à ces nouvelles données et comment aider à la gestion du changement.
Lors d’une période d’embauche, une entreprise voudra en savoir le maximum sur un potentiel candidat. La neuroscience peut expliquer comment le cerveau fonctionne et déterminer quel travail permettra à l’employé de s’épanouir pleinement.
Elles peuvent également déterminer si, lorsque l’employé utilise un logiciel en particulier, sa capacité cognitive est surchargée, ce qui l’empêcherait de réaliser la tâche.
Les cofondatrices se basent sur des réponses à des questionnaires ou utilisent également des mesures neurophysiologiques, telles que la dilatation de la pupille, par exemple.
Pour les cofondatrices, il est important de toujours ramener l’humain au centre de la discussion. Et il ne faut pas confondre la personnalité d’un individu et le fonctionnement de son cerveau. Il s’agit de deux choses différentes.
Un autre aspect très important pour le bon fonctionnement d’une entreprise, c’est la neurodiversité. Il s’agit d’avoir une diversité dans le fonctionnement intellectuel des employés. On sait que les forces intellectuelles cognitives sont différentes d’un individu à l’autre. Quand on veut une équipe de travail performante, il faut s’assurer qu’il y ait une complémentarité des forces. C’est d’autant plus important dans un contexte d’émergence des travailleurs atypiques, comme ceux atteint de TDAH par exemple. Ces personnes sont différentes et ont des forces que les personnes neurotypiques n’ont pas.
Pour avoir une entreprise innovante et performante, il faut avoir des gens qui perçoivent leur environnement de façon complémentaire. Ils reçoivent les mêmes informations, mais ils les comprennent différemment. Ça peut être à cause du genre, de la culture et de la neurodiversité. Tout le monde cherche à innover. Considérer ces trois aspects est la façon la plus simple de le faire.