Les adeptes du roman 1984, de George Orwell devaient s’arracher les cheveux (mais pas trop, nous espérons; vous comprendrez dans 5 secondes): le site Popular Science nous apprenait le 1er janvier qu’une artiste américaine réussissait à recréer des portraits de parfaits étrangers en se basant sur des échantillons de leur ADN laissés sur des objets égarés dans le métro de New York, tels des mégots de cigarette ou des cheveux (voilà!).
En effet, cette nouvelle mettant en vedette l’artiste Heather Dewey-Hagborg fait les rondes depuis 2013. Ses portraits assez creepy merci sont construits, selon elle, à partir d’un profil génétique obtenu à l’insu de ses sujets.
Avec un seul échantillon d’ADN, l’artiste affirme pouvoir connaître le sexe, la race, la couleur des yeux et de la peau, les taches de rousseur et même le poids d’une personne!
Quoi? Ça fait peur! Surtout étant donné que nous laissons derrière nous quotidiennement plusieurs traces de notre code génétique quand nous nous promenons en public.
L’artiste ne peut toutefois pas connaître l’âge de la personne, donc elle façonne un visage d’une personne d’à peu près 30 ans. Le résultat, nous le répétons, est assez troublant.
Le hic, c’est que c’est impossible.
Selon cet article paru dans Forbes, il est peu probable que ces masques funéraires plutôt perturbants ressemblent aux propriétaires de l’ADN à l’honneur.
Les trois scientifiques contactés par le journaliste Matthew Herper trouvent assez comiques les allégations mises de l’avant par Mme Dewey-Hagborg. Le paléoanthropologue John Hawks traite l’affaire de «scam» (attrape-nigaud). Daniel MacArthur, de l’unité de génétique analytique de l’Hôpital général du Massachusetts, répond simplement «Non! Même pas proche!» lorsqu’on lui demande si la technologie génétique permet de prédire l’apparence d’un visage, comme l’avance l’artiste.
La critique la plus virulente vient de Michelle N. Meyer, du centre de Politique de la santé, biotechnologie et bioéthique à la faculté de Droit de l’université Harvard (elle nous semble crédible), qui a analysé le procédé utilisé par Mme Dewey-Hagborg. Elle explique que, tout au plus, l’ADN permet à l’artiste de savoir le sexe du sujet et d’avoir une idée vague de la race de la personne (mais seulement du côté de la mère – donc aucune chance pour les personnes d’héritage mixte). Elle peut deviner la couleur des yeux, mais ce n’est qu’une probabilité, pas une donnée connue.
En d’autre mots, l’inspecteur viral pourrait probablement deviner avec autant de fiabilité ce dont vous avez l’air, cher lecteur. Il ne se lancera pas pour autant dans la confection de bustes hantés comme Mme Dewey-Hagborg (promis!).
Mais pourquoi cette nouvelle a-t-elle refait surface deux ans plus tard, alors qu’elle a été démentie depuis longtemps? Ah, quoi, l’artiste vient de lancer un vaporisateur qui permet à tout un chacun de détruire sa trace génétique?
L’inspecteur n’oserait jamais avancer la théorie qu’elle tente de jouer sur la paranoïa créée par son soi-disant procédé pour vendre ses produits. Non.