La démission successive de deux ministres du gouvernement Lamothe en moins de vingt-quatre heures pourrait forcer le président Michel Joseph Martelly à effectuer dans les prochains jours un nouveau remaniement, moins de trois mois après l’entrée en fonction du dernier cabinet ministériel. Entre le risque d’une hémorragie de ministres démissionnaires et l’aveu d’un échec gouvernemental, le chef de l’état devra faire un choix difficile qui égratignera inévitablement l’image de son gouvernement.
L’image du pouvoir a reçu un sale coup avec le départ des deux ministres, mais surtout à cause des raisons évoquées par ces dernières. La ministre des finances Marie Carmel Jean-Marie a dénoncé surtout une absence de solidarité de ses collègues au moment de prendre des décisions courageuses pour le bien de la population. Elle plaidait en faveur d’une «gestion responsable des finances et de l’économie du pays».
De son côté, la ministre de la communication Régine Godefroy déclare être «dans l’incapacité» de remplir sa fonction «avec rigueur, honneur et intégrité». Des mots qui peuvent faire mal, quand on sait les suspicions de corruption et de gabegies administratives qui planent sur la famille présidentielle et le gouvernement.
En attendant, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe s’est contenté d’un petit tour de chaise musicale, Wilson Laleau cumulant le portefeuille des finances en plus de celui du commerce et Josette Darguste celui de la communication en plus de la culture.
Ce qui se dessine comme une crise gouvernementale en gestation vient se greffer sur une crise électorale que le président ne semble toujours pas décidé à dénouer en refusant de publier l’arrêté nommant le Collège de transition du Conseil électoral permanent devant organiser les prochaines élections. Entretemps les pressions se multiplient de la part des pays amis d’Haïti qui craignent que le jeu du président ne vise finalement qu’à déboucher sur une dissolution du parlement.