La pression populaire a raison des pics «anti-itinérants»
La grogne populaire a entraîné le retrait des pics «anti-itinérants» posés devant l’immeuble du magasin Archambault à l’angle des rues Sainte-Catherine et Berri.
Inacceptables. C’est le terme qu’ont utilisé de nombreux intervenants pour qualifier ces pics, mis au jour dans un article du journal Le Devoir, mardi matin, qui empêchent toute personne de s’asseoir devant l’immeuble. Le maire Denis Coderre était furieux. Il a exigé que les pics soient retirés, ce qui a été fait vers l’heure du midi. Ces installations seraient dangereuses, selon l’avis de non-conformité qui a été envoyé aux commerçants. Des pics plus discrets ont aussi été repérés sur la devanture d’un restaurant McDonald’s dans le village gai.
Québecor Média a tenu à préciser qu’Archambault n’était pas propriétaire de cette partie de l’édifice et que les pics n’avaient pas été posés à sa demande. Ces pics auraient par ailleurs été posés il y a un ou deux ans, a affirmé Martin Tremblay, vice-président aux affaires publiques chez Québecor.
Ces pics étant situés sur le domaine privé de l’immeuble, le propriétaire n’a pas eu à demander un permis de l’arrondissement de Ville-Marie. Le maire Coderre ne voit toutefois pas, pour le moment, la pertinence de légiférer sur cette question. «Je crois que le message est passé», a-t-il lancé.
«Ce n’est pas une façon d’agir qui favorise une bonne cohabitation sociale», a jugé Marjolaine Despars, coordonnatrice adjointe au Réseau d’aide aux personnes seules ou itinérantes de Montréal (RAPSIM). Mme Despars croit que les problèmes d’itinérance doivent se régler grâce à des mesures concrètes d’aide à ces personnes dans le besoin.
Je vous garantie que ces pics vont disparaître aujourd'hui même si devons les enlever nous même !!! #picsdelahonte
— DenisCoderre (@DenisCoderre) June 10, 2014
S’il reconnaît que la cohabitation n’est pas toujours aisée avec les personnes itinérantes dans le village gai, Bernard Plante, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) du Village, n’encourage pas du tout une telle pratique de la part de ses commerçants. «Ça envoie un message dur, qui va à l’encontre de la tolérance et de la cohabitation, a suggéré M. Plante. Si vous ne voulez pas que des personnes s’installent sur votre propriété, il y a moyen de l’embellir, de poser des bacs à fleurs par exemple. Mais des pics, c’est même dangereux. Imaginez que quelqu’un tombe dessus et se blesse.»
M. Plante invite les commerçants à entrer en contact avec les deux travailleurs de rue engagés par la SDC, qui peuvent venir sur place pour effectuer de la médiation et qui «règlent de nombreuses situations sans passer par la police».
André Poulin, directeur général de la Société de développement commercial Destination centre-ville, est de ceux qui comprennent que des commerçants aient pu en venir à prendre de telles mesures. «Les propriétaires doivent trouver des moyens pour que leurs commerces soient libres et agréables d’accès pour eux-mêmes, leurs employés et leurs clients, a souligné M. Poulin. Si on ne veut pas arriver dans une situation où les citoyens se font justice eux-mêmes, il faut que les policiers fassent leur travail.»
Le propriétaire de l’immeuble n’a pas retourné les appels de Métro.
Forum itinérance: pour l’implication de tous
La table Inter-action du quartier Peter-McGill invite jeudi les commerçants, les citoyens et les organismes à des ateliers d’échange sur la lutte à l’itinérance. L’un d’eux portera sur l’importance d’impliquer les commerçants et tous les citoyens dans cette luttre.
Jeudi 12 juin de 16 à 20h
Église St-James the Apostle, 1439, rue Sainte-Catherine Ouest