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«Crise humanitaire» chez les enfants autochtones

OTTAWA — La ministre fédérale des Services aux Autochtones soutient que la «crise humanitaire» qui sévit dans le système de soins aux enfants autochtones est peut-être pire que ce que l’on imaginait jusqu’ici.

Dans son allocution d’ouverture de la conférence fédérale-provinciale d’urgence sur les soins aux enfants autochtones, jeudi matin à Ottawa, Jane Philpott a suggéré que les données actuellement disponibles sur les enfants confiés à des familles d’accueil ne sont probablement pas précises. Or, la ministre soutient que sans données probantes, on ne pourra pas comprendre correctement ce qui ne va pas.

On estime que 40 000 enfants autochtones sont confiés à des structures d’accueil au Canada, ce qui représente plus de la moitié de tous les enfants séparés de leur famille au pays. Mme Philpott croit toutefois que personne ne connaît le nombre réel de ces enfants autochtones confiés aux soins de l’État.

Il y a deux ans, le Tribunal des droits de la personne avait ordonné à Ottawa d’améliorer les services aux enfants autochtones afin qu’ils reçoivent l’équivalent des autres enfants canadiens, pour éliminer cette discrimination.

La ministre Philpott soutient que son gouvernement est déterminé à régler cette crise, y compris en colligeant des données plus fiables, mais elle ne veut pas s’enfermer pour l’instant dans un échéancier précis.

Natan Obed, président d’Inuit Tapiriit Kanatami, l’organisme qui représente les Inuits au Canada, soutient que les écarts qui existent entre les soins accordés par l’État aux enfants autochtones et ceux accordés aux enfants allochtones sont profondément ancrés dans le manque du plus élémentaire des respects envers les familles autochtones et leur culture.

Confier les soins aux Autochtones

La ministre Philpott souhaite que la gestion des soins aux enfants autochtones soit éventuellement confiée aux communautés autochtones elles-mêmes. Le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, encourage quant à lui ses membres à prendre ce contrôle immédiatement, sans attendre qu’Ottawa ou les provinces leur délèguent ces pouvoirs.

Mme Philpott a refusé par ailleurs de dévoiler les budgets que son gouvernement souhaite consacrer pour corriger la situation. Le Nouveau Parti démocratique croit qu’il en coûterait au moins 300 millions $ pour faire face à ces besoins, et il demande au Directeur parlementaire du budget de procéder aux calculs exacts.

Le député néo-démocrate Romeo Saganash est par ailleurs sceptique devant l’ignorance affichée de la ministre Philpott. «Je l’ai moi-même questionnée devant le comité permanent des Affaires autochtones là-dessus, a-t-il soutenu jeudi. Elle n’a pas su me donner une réponse à cette époque-là. Elle n’a toujours pas de montant au moment où on se parle. Elle est incapable d’indiquer quel sera le montant qui sera prévu dans le prochain budget — qui approche, par ailleurs.»

«Il y a un élément de crédibilité, maintenant», a estimé le député du Nord québécois.

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