Lait au chocolat au menu de la campagne au Nouveau-Brunswick
FREDERICTON — La campagne électorale au Nouveau-Brunswick a pris vendredi une saveur de… lait au chocolat.
Le gouvernement libéral de Brian Gallant a adopté récemment une directive controversée qui bannit la vente de lait au chocolat et autres boissons ou friandises sucrées dans les écoles de la province. Or, les progressistes-conservateurs ont promis d’abroger cette mesure s’ils sont élus le 24 septembre. Leur chef, Blaine Higgs, a même été filmé en train de boire du lait au chocolat pendant la première semaine de la campagne électorale. Le parti affirme qu’il veut lutter contre l’obésité dans les écoles par des programmes plus sérieux.
Vendredi, le ministre sortant de l’Éducation, Brian Kenny, s’est dit préoccupé par des informations voulant que l’interdiction, mise en place en juin, ait compromis des activités de financement menées dans les écoles. Certains groupes de parents soutiennent que l’interdiction s’étend à tout ce qui peut être vendu lors des collectes de fonds qui génèrent par exemple des revenus pour l’achat de fournitures scolaires ou pour des programmes de repas destinés aux enfants défavorisés.
Heather McDonald, présidente de l’Association foyer-école de l’école Birchmount, à Moncton, soutient que son organisation — comme d’autres — a dû annuler la semaine dernière ses activités de financement habituellement organisées avant la rentrée. Mme McDonald indique que tout ce qui était prévu avant les élections devra demeurer en suspens, y compris une foire automnale prévue pour le 21 septembre, qui met habituellement en vente des tartes maison et des pots de bonbons.
Le ministre Kenny a tenu à rappeler que la mesure — qui s’inscrit dans une tendance lourde en Amérique du Nord — doit être appliquée avec bon sens et jugement, et il veillera à ce que cette politique publique soit clarifiée si le gouvernement libéral est réélu. «Nous pensons que l’esprit de la politique devrait permettre l’organisation des collectes de fonds existantes, d’événements parascolaires de collecte de fonds qui incluent des friandises», a-t-il déclaré vendredi.
Pendant la campagne électorale, le ministre Kenny ne peut toutefois pas demander aux fonctionnaires du gouvernement de modifier la politique publique. «Nous les avons toutefois encouragés à clarifier cette politique et à veiller à ce qu’elle soit appliquée de manière rationnelle et sensée. C’est laissé à leur discrétion.»
George Daley, président de l’Association des enseignants (anglophones) du Nouveau-Brunswick, estime que le libellé de la politique et la manière dont elle a été expliquée ne laissaient aucune place à l’interprétation dans les écoles, et il est heureux d’entendre le ministre évoquer une modification. «La politique couvre tout ce qui est vendu ou offert aux élèves, de quelque manière que ce soit», croit M. Daley. «Il y a certainement un problème de communication.»
Blaine Higgs, lui, croit que le ministre n’avait pas lu attentivement la politique avant qu’elle ne pose problème. «Il est malheureux que les Néo-Brunswickois ne puissent compter sur leur gouvernement pour examiner en détail, discuter avec les collectivités et s’assurer qu’il connaît l’impact et les conséquences de ses actes», a-t-il soutenu.
Le chef conservateur assure qu’il boit souvent du lait au chocolat et qu’il ne voit pas pourquoi les élèves ne pourraient pas en avoir à l’école. «Cela pourrait constituer leur seule chance de boire du lait. Selon moi, ce produit en vaut bien d’autres. Ça ne tient pas debout.»