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La stratégie de TransCanada dévoilée: «compliquer la tâche» des écologistes

Promouvoir le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada passerait notamment par la déstabilisation des groupes écologistes, selon des documents stratégiques dévoilés par Greenpeace.

«La compagnie TransCanada est à ce point préoccupée qu’elle s’inspire des campagnes de communication les moins éthiques, où on salit les groupes environnementaux, où on achète des appuis et où on utilise une entreprise de communication qui a déjà usé par le passé la stratégie des faux blogueurs payés pour mousser un projet», résume Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.

Les organismes visés sont notamment le Conseil des Canadiens, Équiterre et la Fondation David Suzuki. Leurs noms sont mentionnés dans la partie intitulée: «Compliquer la tâche de nos détracteurs, détourner leur attention de leur mission et les pousser à rediriger leurs ressources.»

Greenpeace ne semble pas directement visé. «C’est probablement parce que nous ne recevons pas de fonds publics que nous sommes moins facilement ciblés», croit M. Bonin. Il souligne que certaines actions du gouvernement fédéral s’apparentent aux mesures que préconise TransCanada pour nuire à ses détracteurs.

Équiterre et la Fondation David Suzuki sont actuellement auditées, car Revenu Canada veut voir si ces organismes sans but lucratif ont utilisé plus de 10% de leur budget à des actions politiques ce qui ferait en sorte qu’ils ne pourraient plus recevoir de dons. «Répondre aux demandes comptables de Revenu Canada nécessite d’y affecter d’importantes ressources humaines, ce qui nuit aux autres projets de ces organismes», ajoute M. Bonin. Le gouvernement fédéral s’est déjà défendu dans les médias de cibler des organismes en particulier et avait indiqué ne pas guider les choix de Revenu Canada.

Autre motif d’inquiétude chez les écologistes: TransCanada a choisi Edelman pour sa stratégie de communication. «C’est la plus grosse entreprise de relations publiques au monde», selon le porte-parole de Greenpeace.

Dans ses documents stratégiques, Edelman indique vouloir recruter 35 000 partisans. En septembre, elle avait invité 200 décideurs du Québec inc. et de la politique à un souper de présentation. «Pourtant, Edelman n’est même pas inscrite à l’Ordre des lobbyistes», souligne Patrick Bonin.

La stratégie d’Edelman qu’on retrouve dans les documents prévoit aussi le recrutement de partisans pour écrire des éditoriaux, des blogues ou des lettres dans les médias qui soient élogieux envers le projet de pipeline.

TransCanada ne remet pas en cause l’existence de cette stratégie. «Mais les documents présentés nous ont été soumis à titre de recommandations, ça ne veut pas dire que toutes seront appliquées», indique Tim Duboyce, un des porte-parole de l’entreprise albertaine dans un courriel. TransCanada affirme avoir notamment appliqué la recommandation de stratégie publicitaire, de même que celle de création du site internet oleoducenergieest.com qui permet à ceux qui soutiennent le projet de pipeline de faire savoir pourquoi.

«Une des leçons que nous avons tirées du projet Keystone XL est l’importance de tenir nos opposants imputables pour leurs déclarations à notre égard. Comme nos actionnaires et la communauté des affaires nous tiennent imputables pour nos actions», ajoute M. Duboyce.

Pour le spécialiste des communications Bernard Motulsky «se chercher des alliés figure dans le coffre à outils de tout gestionnaire de projet. La limite à ne pas franchir est de financer ces alliés ou de les instrumentaliser pour qu’ils vous soutiennent», conclut-il en précisant qu’il n’a pas lu les documents en question pour pouvoir se positionner sur la question.

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