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Des médecins chrétiens objecteurs de conscience

TORONTO – Un regroupement de médecins chrétiens conteste devant les tribunaux la validité d’une nouvelle politique qui les obligerait à référer des patients ontariens vers des procédures qui vont à l’encontre de leurs valeurs morales ou religieuses, comme l’avortement ou le suicide assisté.

La Société canadienne des médecins et dentistes chrétiens conteste la nouvelle politique du Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario régissant les droits de la personne et les obligations professionnelles de ses membres. Cette politique prévoit que si un médecin ne peut en son âme et conscience, pour des motifs religieux ou moraux, prodiguer un soin à un patient, il doit alors le «référer efficacement» à un autre professionnel de la santé.

Or, les médecins chrétiens soutiennent que cette obligation de «référer efficacement» un patient équivaut finalement à faciliter une procédure à laquelle ils s’objectent pour des motifs religieux, et ils qualifient cette obligation d’«abusive».

Le directeur de la Société canadienne des médecins et dentistes chrétiens, Larry Worthen, indique que les quelque 1700 membres s’objectent en conscience à plusieurs procédures, comme l’avortement, l’aide médicale à mourir, la fécondation in vitro et la contraception.

«Nos membres sont venus à la médecine parce qu’ils étaient convaincus de pouvoir aider des gens, les soigner, les servir et répondre à leurs besoins», pas pour participer à des procédures qui, estiment-ils, sont néfastes à la vie humaine, a-t-il expliqué. Selon lui, il n’est en général pas question de conflit entre le médecin et son patient, particulièrement en matière d’avortement, une intervention qui ne nécessite pas la référence d’un médecin traitant.

La docteure Michelle Korvemaker, une fidèle de l’Église protestante évangélique, soutient ainsi qu’à titre de médecin spécialisée en soins palliatifs, elle s’inquiète particulièrement du récent arrêt de la Cour suprême, qui a invalidé l’interdiction de l’aide médicale à mourir. La cour a donné au gouvernement 12 mois pour réécrire la loi afin qu’elle accorde aux personnes pleinement consentantes qui vivent des souffrances physiques ou mentales intolérables le droit d’obtenir de l’aide médicale à mourir.

«Ma conscience et mes valeurs religieuses m’interdiraient de poser des gestes médicaux qui sont contraires à mes principes moraux, éthiques et religieux», explique-t-elle.

Mais le collège des médecins soutient qu’avec sa nouvelle politique, il a trouvé «un juste équilibre entre les droits des médecins, leurs obligations professionnelles et éthiques, et les attentes de la population».

«La (nouvelle) politique exige du médecin qu’il agisse en tout respect de la dignité du patient, en lui permettant un accès aux soins, mais en assurant sa sécurité s’il choisit de ne pas prodiguer lui-même un soin, pour des motifs religieux ou de conscience», indique le collège dans un communiqué. «La politique n’oblige pas le médecin à poser un acte ou à prodiguer des soins qui seraient contraires à sa morale religieuse, sauf en cas d’urgence.»

Le ministre de la Santé de l’Ontario, le docteur Eric Hoskins, a estimé que le collège avait su trouver ici le juste équilibre entre les droits individuels du médecin et le droit du patient à un accès aux meilleurs soins possibles.

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