Voie de contournement: Roy Laroche insiste

Colette Roy Laroche profite de la campagne électorale pour livrer l’un de ses ultimes plaidoyers à titre de première magistrate en faveur de la construction d’une voie de contournement ferroviaire à Lac-Mégantic.

«C’est une question de survie pour notre population», résume-t-elle mardi en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne depuis son bureau de l’hôtel de ville, qu’elle cédera le 1er novembre prochain au vainqueur de l’élection municipale.

«Ce n’est pas qu’une question matérielle. On ne pourra plus jamais dormir tranquille, vivre sereinement tant et aussi longtemps que la voie de contournement ne sera pas réalisée», enchaîne Mme Roy Laroche.

Un seul des trois partis susceptibles de former le prochain gouvernement le 19 octobre prochain, le Nouveau Parti démocratique (NPD), a pris l’engagement formel de financer la construction d’un nouveau tronçon qui ne traverserait pas le centre-ville de la petite municipalité.

Les candidats conservateur et libéral dans Mégantic—L’Érable, Luc Berthold et David Berthiaume, ont tous deux signalé qu’ils jugeaient irresponsable de faire une telle promesse sans en connaître le coût ou la viabilité, alors que le projet n’en est qu’à l’étape de l’étude de faisabilité.

Aux yeux de Colette Roy Laroche, cette position est indéfendable. «C’est évident qu’on ne connaît pas encore le coût de construction de cette infrastructure, mais il m’apparaît que ce n’est pas un motif valable pour refuser de prendre l’engagement», se désole-t-elle.

«La catastrophe de Lac-Mégantic, c’est une catastrophe d’une ampleur jamais vue en Amérique du Nord. Les séquelles, les impacts, les traumatismes que l’on vit dans la communauté sont loin d’être terminés», fait-elle remarquer.

Celle qui a été saluée pour son aplomb dans la gestion de la tragédie ferroviaire qui a fauché la vie de 47 personnes en juillet 2013 ne va toutefois pas jusqu’à offrir son appui au porte-couleurs néo-démocrate de la circonscription, Jean-François Delisle, ou à sa formation politique.

Ne sachant pas laquelle des formations sera portée au pouvoir, elle préfère faire preuve de prudence et poursuivre ses représentations auprès de l’ensemble des partis afin d’obtenir des engagements «plus significatifs».

La mairesse «imagine», pour l’heure, que le projet de construction d’une voie de contournement «serait plus facile à réaliser» avec un gouvernement majoritaire néo-démocrate à Ottawa.

«Mais je vais vous dire, en campagne électorale, c’est difficile de se prononcer sur les promesses qui sont faites par les partis, mais il faut être confiant. Il faut demeurer confiant», ajoute-t-elle cependant.

L’élue dit ignorer si ses concitoyens voudront sanctionner les conservateurs lorsqu’ils se retrouveront dans l’isoloir — le gouvernement fédéral a été blâmé pour avoir fait preuve de laxisme à l’endroit de la compagnie ferroviaire dont le convoi a déraillé et explosé en plein coeur de Lac-Mégantic.

Et même s’il y avait un vote de protestation méganticois, son poids dans la circonscription serait difficile à évaluer. «Il y a trois pôles différents: les régions de Mégantic, Thetford Mines et Plessisville. Le priorités ne sont pas les mêmes. Pour moi, pour nous, c’est très difficile de dire si le comté sera perdu», dit-elle.

D’ici la fin de la campagne électorale, la mairesse Roy Laroche exhorte les diverses formations politiques à faire de la sécurité ferroviaire un véritable enjeu.

Car de la politique active, elle n’en fera bientôt plus.

Face aux défis exceptionnels auxquels sa municipalité a été confrontée, elle avait accepté de prolonger son mandat de deux ans, mais là, c’est (presque) définivitement terminé.

«J’ai appris qu’il ne fallait jamais dire jamais, mais là où je suis rendue dans mon parcours de vie, je vous dirais que c’est peu probable (un retour en politique). Je vous dirais que mon plus grand rêve, c’est d’abord de me reposer et d’avoir un rythme de vie beaucoup plus raisonnable», lance-t-elle en riant.