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Procès Turcotte: 2e journée de plaidoirie de la défense

Guy Turcotte arrives at the courthouse in Saint Jerome, Que., Monday, September 14, 2015. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes / La Presse canadienne
Stéphanie Marin - La Presse Canadienne

SAINT-JÉRÔME, Qc – Tuer les enfants n’était pas un acte de vengeance contre son ex-conjointe Isabelle Gaston, a argumenté le principal avocat de Guy Turcotte, mercredi, au deuxième jour des plaidoiries de la défense.

Selon Me Pierre Poupart, c’est ce que la preuve démontre.

«L’histoire de la vie de cet homme-là n’est pas une histoire de violence», a fait valoir le procureur de la défense.

«La vengeance? Ça injurie la raison!», a-t-il lancé.

Guy Turcotte, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants, était triste et en colère car son ex-conjointe l’avait trompé avec un autre homme — un de ses amis. C’était là l’une des raisons qui ont mené à la séparation du couple.

Mais Isabelle Gaston, la mère des enfants, a témoigné qu’elle n’a pas pensé une seule seconde qu’il pourrait faire du mal aux enfants, a rappelé le procureur de Guy Turcotte.

Me Poupart est ainsi revenu sur l’une des phrases-choc du procès: lorsque Guy Turcotte a lancé à Isabelle Gaston, le jour même du double meurtre, le 20 février 2009: «Tu veux la guerre, tu vas l’avoir!»

Il a expliqué au jury de 11 personnes que cette déclaration faisait manifestement référence à une «guerre économique», comme Mme Gaston l’avait elle-même compris.

Pour preuve, il voit le fait qu’elle a détruit leurs cartes de crédit plus tard ce jour-là.

«Elle sait que c’est un bon père», a rappelé Me Poupart.

«Faire ça aux êtres qui vous sont les plus chers, c’est certainement pas parce que ça va bien dans votre tête!», a dit l’avocat. Pas besoin d’être un grand psychiatre pour conclure ça, a ajouté Me Poupart.

Guy Turcotte plaide la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Une autre déclaration percutante du procès a été minutieusement examinée par Me Poupart dans sa plaidoirie: celle de l’infirmière Chantal Duhamel. Celle-ci a passé huit heures avec l’accusé le lendemain des meurtres, à l’hôpital.

«Il a dit qu’il voulait la faire chier (Isabelle Gaston) et que la façon de la faire chier était de lui enlever ce qu’elle avait de plus précieux au monde, ses enfants», a rapporté Mme Duhamel lors du procès en octobre.

Guy Turcotte aurait aussi dit en sa présence — et à plus d’une reprise — qu’il ne voulait pas voir ses enfants souffrir de la séparation et que c’est pour cela qu’il les avait tués.

La dame n’avait toutefois pas rapporté ses paroles sur la vengeance lorsqu’elle a témoigné au premier procès de l’accusé qui s’est tenu en 2011, a souligné à grands traits Me Poupart, qui cherche à miner ce témoignage. Cette phrase n’apparaît pas non plus dans les deux déclarations écrites offertes par Mme Duhamel aux policiers dans les jours qui ont suivi les meurtres — alors que sa mémoire était toute fraîche. Elle n’a jamais apporté de correctif avant ce procès, a fait valoir le procureur.

Cette femme avait l’aveu d’un crime commis par vengeance, mais elle n’en a pas parlé avant le mois dernier, s’étonne le procureur.

«Est-ce que l’on vit pendant six ans avec quelque chose qui aurait chambardé cette affaire?», a demandé l’avocat pour ébranler les jurés.

«C’est radicalement invraisemblable!», a-t-il ajouté.

Il a toutefois convenu que le mobile de la vengeance «est séduisant pour toutes les émotions que nous avons tous». Mais il a demandé aux jurés, comme la veille, de ne pas tomber dans la facilité.

Il a aussi dévoilé une partie de sa théorie de la cause portant sur le moment de la mort des enfants: il soutient que l’accusé a consulté les courriels échangés entre son ex-conjointe et son nouveau copain avant de boire du lave-glace et de poignarder les bambins.

Car s’il avait tué les enfants d’abord, il y aurait eu du sang sur l’ordinateur ou quelque part au rez-de-chaussée ou dans les escaliers. Or, l’enquête policière ne révèle la présence de sang qu’à l’étage, là où se trouvaient les chambres des enfants. Ils ont tous deux été retrouvés morts dans leur lit.

L’avocat de Guy Turcotte a aussi précisé au jury qu’il n’a pas l’intention de plaider l’ivresse de son client et qu’il aurait commis ces meurtres en raison de sa consommation d’alcool, dans ce cas-ci du méthanol, une substance contenue dans le lave-glace.

La discussion sur le lave-glace ne tend qu’à démontrer que Guy Turcotte voulait se suicider ce soir-là, a-t-il expliqué.

Une méthode de suicide loin d’être optimale, a-t-il ajouté. Et un choix absurde pour un médecin qui sait fort bien, de par sa formation, comment mettre fin à ses jours.

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