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Avatar: James Cameron repousse les limites de ses ambitions

Jérôme Vermelin - Métro France

Depuis l’apocalypti­que Terminator en 1984, James Cameron a toujours fait rimer divertissement grand public avec progrès technologiques, réflexion morale avec spectacle total. Certains parlent de lui comme d’un réalisateur visionnaire, peut-être un peu vite. Une chose est sûre, le père d’Aliens et d’Abyss ne s’est jamais reposé sur ses lauriers, s’imposant de nouveaux défis à chaque projet pour signer en 1998 avec Titanic le plus gros succès cinématographique de tous les temps. Le drame a été couronné par 11 Oscars et a provoqué des pluies de larmes autour du monde.

La suite? Plus de 15 ans de travail pour un long métrage de science-fiction de 2 h 36 dont le budget s’éléverait à 500 M$ : du jamais vu. C’est le prix à payer pour inventer le ciné­ma de demain, sans doute. Métro s’est entretenu avec le cinéaste canadien, qui présente cette semaine Avatar, une Å“uvre épique en 3D portant sur des humains qui prennent la forme d’extraterrestres pour explorer un monde inconnu… en plus de raconter l’histoire d’amour de Jake, un jeune soldat en mission, et de Neytiri, la princesse du peuple autochtone de la planète Pandora.

Quand avez-vous commen­cé l’écriture d’Avatar?
J’ai écrit un premier jet du scénario il y a 15 ans. Il m’a fallu trois semai­nes à l’époque. Lorsque je l’ai fait lire à mes proches, tous m’ont dit que j’étais fou de vouloir tourner un film pareil, si bien que je n’y ai pas touché jusqu’à il y a quatre ou cinq ans. Pour plein de raisons, je me suis dit que c’était le bon moment. J’ai commencé par créer le design du film, les personnages, les créatures, les décors.

J’en avais une image assez floue; c’est pourquoi j’ai engagé une équipe de dessinateurs qui ont commencé à me faire de nombreuses propositions. Parfois, je prenais un morceau d’une idée, je l’assemblais avec un morceau d’une autre idée et je demandais aux dessinateurs de me rendre une nouvelle copie. En parallèle, nous avons commencé le travail sur la motion capture, dans l’objectif de préserver au maximum les émotions et la performance des acteurs.

Tous vos films recèlent ce genre de prouesses technologiques. Est-ce indispensable pour vous?
Ça fait partie des choses que j’aime, oui. Avec Abyss, avec Terminator 2, je montrais des choses jamais vues au cinéma. Dans Titanic, les effets spéciaux étaient davantage au service de l’histoire, et c’est ce que j’ai voulu conserver avec Avatar. Même si au cÅ“ur de ce film il y a, c’est vrai, l’envie de donner naissance à des personnages qui ne pourraient pas être joués par des comédiens maquillés.

Et la technologie 3D?
Jusqu’à maintenant, tous les cinéastes qui ont fait un film en 3D ont cru qu’ils avaient l’obligation de constamment rappeler aux spectateurs qu’ils étaient en train de regarder un film en 3D… la plupart du temps en ajoutant des trucs qui flottent ou des objets qui semblent vouloir passer à travers l’écran. Mais si on se fait sans cesse rappeler qu’on regarde un film en 3D, on se fait également rappeler qu’on est assis dans une salle de cinéma. Nous avons donc abordé le 3D comme si c’était une fenêtre sur la réalité. À l’avenir, je vais tourner tous mes films en 3D et ce, peu importe le sujet.

Avez-vous éprouvé de grosses difficultés avec ces effets spéciaux?

J’étais assez sûr que le procédé de motion capture fonctionnerait, mais, arrivé à mi-chemin, alors que les performances des acteurs étaient déjà dans la boîte, j’ai trouvé que les personnages n’étaient pas assez réalistes. Ils ne ressemblaient pas tout à fait aux acteurs, ils n’étaient pas toujours fidèles à leur jeu. Ce moment-là a été assez stressant. Heureusement, nous avons travaillé avec les équipes de WETA, la société de Peter Jackson, et ces gens géniaux avaient toujours la solution à nos problèmes. Au final, il a fallu jusqu’à 10 mois de travail sur chaque personnage pour parvenir au résultat parfait.

Dans la plupart de vos films, les aliens donnent une bonne leçon aux êtres humains. Est-ce vraiment une coïncidence?
Oui et non. Dans la réalité, si nous avions la chance de rencontrer des extraterrestres, ils seraient si différents de nous que nous mettrions sans doute de nombreuses années à comprendre comment ils pensent et voient le monde. Avec la science-fiction, les choses sont un peu différentes. C’est un genre écrit par des humains pour des humains. Les aliens expriment,
renvoient des aspects de notre humanité. Dans Ava­tar, les Na’vi représentent une forme pure de l’être humain, quelque chose que nous aimerions être ou que nous pensons avoir été lorsque nous étions à un stade plus innocent, avant la civilisation moder­ne. Encore aujour­d’hui, nous sommes fascinés par les petites poches de populations indigènes qui vivent en harmonie avec la nature.

La nature est omniprésente dans l’histoire. Le message écolo vous tenait-il à cÅ“ur?
À un moment, Jake explique aux habitants de Pandora, les Na’vi, qu’il n’y a plus de «vert» sur la Terre. J’ai trouvé que c’était une métaphore assez puissante. Je pense que les hommes ne sont pas diaboliques, ils ne sont pas «coupables», mais ils doivent être plus responsables vis-à-vis de la Terre qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent. Pour ça, il faut changer et aban­donner
certaines choses. Hélas, les hommes ne sont pas très doués pour faire des sacrifices.

Avez-vous fait le bilan carbone du tournage d’Avatar?
Nous avons utilisé pas mal d’énergie avec les ordinateurs de WETA, donc c’est un peu ironique, je suis d’accord. Heureusement, ces studios sont en Nouvelle-Zélande, où une large part de l’énergie consommée est hydro-électrique. L’empreinte écologique est donc assez faible. Dans ma vie quotidienne, je fais plutôt attention. Je vis dans un ranch qui produit sa propre énergie terrestre et solaire. Mais il est vrai que les grosses productions hollywoodiennes devraient davantage réfléchir à leur empreinte écologique. Un bon point pour Avatar : nous avons tourné dans une forêt tropicale entièrement virtuelle!

Y aura-t-il une suite?
Je n’ai pas encore écrit de scénario, mais j’ai tracé un plan dans ma tête. Ça dépend de l’accueil que le film recevra au box-office. Quand j’ai lancé l’idée aux gens de la 20th Century Fox il y a quatre ans, je leur ai dit : «Vous savez, nous allons devoir passer beaucoup de temps et dépenser beaucoup d’argent et d’énergie sur ce film.» L’idée d’une franchise me semble donc logique. Nous avions l’habitude de dire en blaguant que la suite se déroulerait 10 ans plus tard, avec un Jake plutôt gras, couché au sommet d’un palmier, criant à sa femme : «Bébé! Amène-moi une bière!» Et Neytiri de lui répondre : «Va chercher ta propre bière!» C’est un peu à ça que ça ressemble, une histoire d’amour, 10 ans plus tard!

Avec la participation de Ned Ehrbar/Metro World News

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En salle dès vendredi

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