Laylou de Philippe Lesage : l’été et la liberté à 17 ans
La jeunesse inspire les cinéastes québécois. Après Ma vie réelle du regretté Magnus Isacsson et Finissant(e)s de Rafaël Ouellet, c’est au tour de Philippe Lesage d’explorer cette période charnière dans Laylou.
C’est l’été des 17 ans pour Laurence et son groupe d’amis. Pour exprimer ce moment très dense sur le plan émotionnel, n’importe quel documentariste aurait pu bombarder ses sujets de questions ou les réduire à de simples statistiques. Mais pas le cinéaste Philippe Lesage, qui a remporté le Jutra du meilleur documentaire avec son précédent essai, Ce cœur qui bat.
Chez lui, l’introspection n’est pas appuyée par la narration. Elle est plus organique et impressionniste, se voulant lyrique et contemplative, hypnotisant par ses paysages à couper le souffle et envoûtant par sa bande sonore recherchée. C’est le plan-séquence qui domine pour saisir le temps, l’atmosphère et la vie telle qu’elle se déploie naturellement.
Il s’agit également d’une forme de cinéma qui laisse beaucoup de place aux spectateurs. «Je pense que plus on se rapproche de la vraie vie et qu’on la dépeint telle qu’est est, plus on suscite une réflexion chez les spectateurs», affirme le cinéaste.
Un grand sentiment de nostalgie et de mélancolie en émane, avec l’impression de voir la jeunesse d’hier à demain – de toute façon, la jeunesse n’est-elle pas «vieille comme le monde», comme le chante Jérôme Minière? – être immortalisée à l’écran, sans pour autant verser dans les stéréotypes propres à l’époque (l’hypersexualisation, l’omniprésence des médias sociaux…).
En aucun cas on ne pourra accuser la démarche de sombrer dans le voyeurisme. «Je pense que c’est le spectateur qui est pervers s’il pense ça, s’exclame le metteur en scène, qui s’apprête à toucher à la fiction. Je ne suis pas là pour chercher des bibittes. Alors que la téléréalité pointe ce qu’il y a de plus bas chez les gens, je suis intéressé à essayer de ne porter aucun jugement sur les personnes que je filme et à tenter de chercher ce qui est beau et grand en elles.»
Filmographie
Avant de réaliser Laylou, Philippe Lesage a signé :
- Pourrons-nous vivre ensemble? (2006) Il y explorait deux lieux de la société parisienne contemporaine.
- Comment savoir si les petits poissons sont heureux? (2009) Avec son frère Jean-François, il plonge au cœur du quotidien d’habitants de Beijing.
- Ce cœur qui bat. (2011) Tourné à l’Hôtel-Dieu, ce film s’intéresse aux grands maux de la société.
Laylou
En salle dès vendredi