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«10 Cloverfield Lane»: la peur qui emprisonne

Note:*** et demie

Le dernier film produit par J. J. Abrams enferme le spectateur dans un environnement à la fois étouffant et mystérieux. Rien n’est dit, rien n’est tenu pour acquis. Un aller-retour entre la folie et l’apocalypse. Entre l’angoisse et le répit.

Michelle (Mary Elizabeth Winstead) roule dans la nuit afin de fuir sa vie amoureuse. On ne saura jamais pourquoi. Ici n’est pas la question.
Elle roule donc dans le noir de la campagne américaine. Elle sera frappée de plein fouet par un autre véhicule. Seul le son de son klaxon résonnera dans la pénombre. Fin du chapitre.

C’est avec le crâne écorché et le genou pris dans une attelle fixée au mur que la jeune femme se réveille. Prisonnière dans un endroit bétonné qu’on estime bien loin sous la terre, elle n’a aucune idée de ce qui s’est passé.

Mystère
Ces quelques minutes mettent ainsi la table à une histoire des plus tordues qui ne s’avère pas être celle maintes fois exploitée dans les suspenses d’enlèvement.
Michelle n’a pas été capturée, selon son ravisseur qui lui tend la clé des menottes après quelques conversations. Howard (John Goodman) ne l’a pas kidnappée.

Il lui a sauvé la vie.

L’imposant et troublant gaillard prétend avoir emmené la jeune femme en catastrophe dans son abri nucléaire afin de la sauver d’une attaque qui a décimé la population extérieure.

Trio
La dynamique entre les personnages est jouée avec une grande intensité. Viendra se greffer dans l’histoire Emmett (John Gallagher Jr.), un jeune homme qui avait aidé Howard dans la construction de l’abri et qui est venu s’y réfugier avant l’attaque.

Entre les protagonistes, rien n’est tenu pour acquis. Puisqu’il est impossible pour Michelle d’avoir la certitude des propos d’Howard (ni pour elle, ni pour le spectateur), on jongle entre la méfiance et la confiance.

Les revirements de situation sont nombreux et maintiennent l’intérêt lorsque celui-ci s’épuise par le manque d’action de cet espace pour le moins réduit et confiné.

Le mystère total qui règne au cœur de l’intrigue entraîne une complexité interpersonnelle brillamment portée par les trois acteurs qui réussissent à nous faire vivre l’angoisse.

Claustrophobie
Au fur et à mesure que les 103 minutes défilent à l’écran, l’espace contiguë forge l’étouffement. La claustrophobie provoque chez le spectateur l’envie folle d’ouvrir le sas pour respirer l’air frais.

Produit avec un budget de 5 M$, «10 Cloverfield Lane» capture littéralement le spectateur dans un bunker. On joue davantage sur l’effet de la claustrophobie alors que Michelle doit entrer dans les conduits de ventilation.

Dan Trachtenberg relève tout un défi pour sa première réalisation, celui de faire vivre un film dans un si petit espace. Bien que d’autres films l’ont précédé, «10 Cloverfield Lane» se démarque par l’ambigüité du désir d’y rester pour se protéger et celui de s’évader.

Apocalypse
En véritable apôtre de l’Apocalypse, Howard incarne ces gens qui se font réellement construire ce type d’abris et qui font l’apologie d’une menace terrestre ou extra-terrestre.

Naviguant aux bords de la folie et de la raison, le personnage Howard met en scène l’une des peurs ultimes de l’homme: celle d’être envahi par une force supérieure.

Le film qui fait suite au succès de «Cloverfield» en 2008, sans pour autant en être la suite, fait un rappel au film de désastres et apocalyptique qui avait retenu l’attention de bien des cinéphiles.

On en ressort un peu troublé avec en tête plus de questions que de réponses.

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