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Le moment de vérité pour le Montréalais Chris Boucher qui rêve de la NBA

The Oregon Ducks take on the Baylor Bears at Matthew Knight Arena in Eugene, Oregon on November 16, 2015 (Eric Evans Photography) Photo: Gregory Scott

Jeudi soir, à l’issue du repêchage de la NBA, le Montréalais Chris Boucher saura s’il intégrera à court terme l’élite du basket mondial. Un potentiel conte de fée pour un gamin qui a grandi dans des quartiers défavorisés de la métropole.

«Son histoire, c’est une success story et une bénédiction», sourit Igor Rwigema, son ancien entraîneur et «grand frère» qui a rencontré par hasard sur un terrain de la Petite-Bourgogne, une journée d’été 2012, ce natif de l’île Sainte-Lucie. Rien ne prédestinait alors Chris Boucher à figurer parmi les meilleurs espoirs mondiaux cinq ans plus tard.

À cette époque, le jeune homme de 19 ans passe sa vie entre Montréal-Nord et Côte-des-Neiges, bringuebalé entre deux parents divorcés. Son avenir paraît incertain. Après avoir arrêté ses études deux ans plus tôt, son quotidien se divise entre un emploi temporaire dans une rôtisserie Saint-Hubert et le basket de rue. Jusqu’à ce tournoi amical.

Entraîneur d’un centre de formation à Alma, Igor Rwigema l’embarque immédiatement à ses côtés. Malgré son manque de fondamentaux, sa progression étonnante, mais surtout sa taille, sa rapidité et son adresse, impressionnent rapidement les recruteurs. Après deux expériences fructueuses dans des collèges américains, Chris Boucher rejoint l’Université d’Oregon et la NCAA, avant, deux saisons plus tard, de rêver au grand saut vers la NBA.

Une blessure contraignante
Depuis quelques semaines, Chris Boucher, 24 ans, enchaîne les entretiens avec les directions de nombreuses équipes professionnelles. Un calendrier et une série de déplacements qui ont empêché Métro de pouvoir lui parler de vive voix. Lundi et mardi, le périple américain de l’intérieur de 6pi 10po s’est même conclu à San Francisco, dans l’antre des champions en titre, avant de rentrer à Montréal pour suivre ce repêchage avec ses proches, devant sa télé. Avec, certainement, pas mal d’anxiété.

Jusqu’en mars, son avenir se prédestinait assurément en NBA. Le célèbre magazine Sports Illustrated avait même placé l’intéressé sur sa couverture en début de saison. Mais une vilaine déchirure d’un ligament du genou gauche l’a privé du March Madness et des workout, ces séances qui permettent aux équipes de tester de potentielles recrues. Un retour sur les parquets n’est prévu que début octobre, un délai qui pourrait freiner les ardeurs des franchises qui auront alors débuté leurs camps d’entraînement.

«C’est problématique, le timing est mauvais», reconnaît l’entraîneur Pascal Jobin, qui a côtoyé Chris Boucher à ses débuts, dont le nom a disparu, ces dernières semaines, des prévisions sur les sites spécialisés. «Ça ne veut rien dire, ce ne sont que des rumeurs, assure Igor Rwigema, qui imagine voir le Montréalais être choisi «à la fin du premier tour ou au début du 2e». Les équipes avaient déjà une très bonne idée de son profil et beaucoup se sont manifestées, c’est très encourageant.»

Pascal Jobin, formateur au Cégep Édouard-Montpetit, qui a également participé au succès de Samuel Dalembert, se montre lui-aussi optimiste. «Son profil est intriguant et la NBA cherche des grands joueurs capables de tirer [35% à 3 points cette saison] et de protéger leur panier [près de 3 contres en moyenne ces deux dernières saisons]», avance-t-il, admettant néanmoins que son physique [191 livres] trop frêle pourrait être problématique face aux imposants pivots de la ligue.

«Il doit impérativement prendre 20 à 25 livres pour devenir un joueur NBA, car il y a une grande différence entre le milieu universitaire et la NBA», reprend Pascal Jobin.

Un diplôme en poche
Si son nom n’est pas appelé jeudi soir par Adam Silver, le patron de la NBA, Chris Boucher devrait rester sur le continent. Un départ en Europe semble temporairement exclu. «Ce n’est pas une option pour l’instant, explique Igor Rwigema. Il est prêt à tenter sa chance dans la ligue de développement.»

Surtout, l’intéressé pourra s’appuyer sur «la meilleure nouvelle de son année»: l’obtention de son diplôme universitaire en sociologie. «Le basket l’a remis sur les bancs de l’école, c’est la meilleure chose qui est arrivée à ce bonhomme», confie Pascal Jobin. «Il est un exemple, renchérit Igor Rwigema. Son parcours est atypique, mais il a prouvé que rien n’est impossible avec le travail.» Ni sur un terrain, ni dans les études.

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